Berlin exclut revenir à l’équilibre budgétaire sous le nouveau gouvernement

[25/10/2009 14:10:57] BERLIN (AFP)

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ésigné des Finances Wolfgang Schäuble, le 24 octobre 2009 à Berlin. (Photo : Axel Schmidt)

Le ministre allemand désigné des Finances Wolfgang Schäuble a prévenu dimanche que le nouveau , qui a prévu des baisses d’impôts pour sortir de la crise économique, ne comptait pas revenir à l’équilibre budgétaire dans les quatre prochaines années.

“Il ne fait aucun sens de parler de mesures d’économies à l’heure où l’on doit donner des impulsions économiques”, a déclaré le ministre chrétien-démocrate (CDU) au journal Welt am Sonntag.

M. Schäuble, à qui reviendra le travail d’Hercule d’assainir les finances publiques allemandes déjà mal en point a estimé utopique de revenir à l’équilibre budgétaire “dans cette législature”.

Les partenaires conservateurs et libéraux du nouveau gouvernement d’Angela Merkel ont annoncé samedi des baisses d’impôts de 24 milliards d’euros par an. Objectif de la chancelière allemande: “miser sur la croissance, (…) condition pour sortir plus forts de la crise économique”.

Reste que Mme Merkel et le futur vice-chancelier Guido Westerwelle, également chef désigné de la diplomatie, sont restés évasifs sur la manière de financer ces incitations fiscales. Leur programme doit encore été approuvé par le parlement.

“Nous devons accepter un nouvel endettement exceptionnellement élevé”, a reconnu le ministre Schäuble à la télévision publique, assurant qu’une fois la crise surmontée, il faudrait le réduire.

L’Allemagne, contrainte par la crise économique à lancer en 2008 deux plans de relance et un programme d’emprunt inédit, fait partie des neuf nouveaux pays contre lesquels la Commission européenne a enclenché le 7 octobre la première étape de procédures pour déficits excessifs.

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éraux allemands Guido Westerwelle (g), la chancelière Angela Merkel et le dirigeant de la CSU Horst Seehofer, à Berlin le 24 octobre 2009 (Photo : Michael Gottschalk)

Dès 2010, les ménages, les entreprises et les héritiers vont bénéficier de baisses d’impôts. Les allocations familiales vont aussi augmenter.

En contre-partie, les salariés doivent s’attendre sous la nouvelle législature à une augmentation des coûts de cotisations à l’assurance-maladie et à l’assurance-dépendance.

Les baisses d’impôts vont entraîner pour les Länder “des pertes de recettes considérables” et “je ne suis pas certain que tout cela trouve une majorité au Bundesrat”, la chambre haute du parlement qui représente les Länder, a prévenu le chef du gouvernement régional de Saxe-Anhalt (est), Wolfgang Böhmer (CDU).

Dans l’ensemble, les milieux économiques, sans cacher parfois qu’ils auraient souhaité “plus de courage” dans les réformes, saluaient le programme du nouveau gouvernement qui prêtera serment mercredi tandis que ses détracteurs criaient à l’injustice sociale.

Le chef de la Confédération syndicale allemande (DGB), Michael Sommer, a dénoncé une “redistribution cachée du bas vers le haut”. Le chef du syndicat allemand des services Verdi, Frank Birske, accuse la nouvelle coalition de mettre les “profits avant le bien commun”.

Une critique formulée aussi par le parti social-démocrate (SPD), ancien partenaire des conservateurs dans le premier gouvernement d’Angela Merkel.

Egalement dans l’opposition, les Verts ont relevé le caractère “anti-social, et impossible à financer” du programme de la nouvelle coalition.

Le contrat de coalition adopté samedi après seulement trois semaines de négociations, était accueilli avec scepticisme par la presse allemande.

Le Bild am Sonntag estimait que “le nouveau régime fiscal, le nouveau système de santé, beaucoup de ce qui a été décidé s’annonce vague pour l’instant”.

Pour le quotidien berlinois Der Tagesspiegel, “le principe de solidarité va être vraisemblablement enterré en douce”.