Philippe Lotz est le responsable de la composante Innovation
au sein de GTZ, il participé à la conception et à la mise en place du programme
Tunisie sur l’innovation entrepreneuriale. Nous l’avons questionné sur ce sujet.
C’est
l’aboutissement de votre projet sur l’innovation. Comment vivez-vous ce
moment important?
C’est un moment très excitant qui fait suite au travail de capacité building
et de test. Il a bien fallu initialiser le process de management de
l’innovation dans l’univers de d’entreprise tunisienne, l’implémenter donc
le faire évoluer. Et c’était la première partie du travail qui nous a occupé
le temps des dix modules de formation qui étaient agrémentés de déjeuners
débats thématiques le premier samedi de chaque mois. Ce programme avait déjà
au départ comme objet de lancer les prémices de ce que pouvait être un
premier réseau de consultants en Tunisie. RES’INN se marie avec notre
objectif initial.
Mais d’abord pourquoi mettre des experts pour travailler en réseau?
Il manquait un réseau qui soit dédié. Il manquait force de frappe
gigantesque d’experts spécialisés en management de l’innovation. Au-delà de
ce que nous avons mis en place comme structures dans nos actions précédentes
d’innov 30 et d’innov 60 avec RES’INN l’entreprise tunisienne disposera d’un
réseau qui peut aligner un bouquet d eprestations pluridisciplinaires. Nous
avons d’ailleurs, dans ce collectif initial, des qualiticiens, des experts
en management, des marketeurs, autant que des spécialistes en lean
manufatcturing. L’étendue de cette panoplie d’expertises fait la richesse du
réseau.
S’agit-il de pallier une carence en innovation ?
Tout récemment, lors du séminaire du
CJD, M. Afif Chelbi ministre de
l’industrie de l’énergie et de la PME M. relevait qu’il y avait trop peu
d’innovation. Quand j’ai pris la direction de cette composante, la première
chose qui m’et apparue est qu’il manquait énormément au niveau de
l’industrie, de structures d’innovation. Ce qui ne veut pas dire que
l’industrie tunisienne n’innove pas. Ce qui existait ne s’inscrivait pas
dans un processus pérenne. On vivait le sempiternel débat concernant la
structure dans l’entreprise tunisienne pour faire de l’innovation une action
systématique, un cheval de bataille. On s’est posé la question de savoir
quelles actions on allait pouvoir mener e c’est là qu’on a fait le constat
que les compétences n’existaient pas dans la consultance locale. C’est à
dire qu’il n’existait pas en Tunisie de consultants capables de faire, de
façon professionnelle, répondant aux standards de qualité habituellement
utilisés, de faire du management de l’innovation. Notre attitude a donc été
de commencer par les former et c’est un travail qui nous a pris environ un
an et demi. Un collectif d’une trentaine d’experts a été formé dont on a
pris les meilleurs pour créer ce groupe constitutif de ce réseau qui sera un
réseau ouvert. Peut être demain qu’ils seront rejoints par d’autres et
qu’ils se retrouveront à 30 ou 40 et ça c’et eux qui le décideront. Mon
objectif premier ça a été au travers de cette réflexion de RES’INN de doter
l’entreprise tunisienne d’un instrument d’intelligence en management de
l’innovation. Vous constaterez que nous y avons associé l’administration car
selon nous, elle est destinée à porter ce message de foi dans l’innovation.
Une fois en réseau, les experts devront exercer ensemble, ou en solo ou les
deux?
Ce réseau c’est une professionnalisation au travers d’un élément de
solidarité de la profession de consultants. D’ailleurs aujourd’hui on trouve
de plus en plus souvent des experts comptables qui vont faire de la
consultance en marketing et des experts en marketing qui vont toucher à
l’aspect financier de l’entreprise ou organisationnel alors que ce n’est
absolument pas leur destination. A GTZ ce qu’on voulait c’était de donner à
ce métier une professionnalisation avec toujours en filigrane l’idée que si
l’entreprise tunisienne n’innove pas elle n’existe plus à terme. On a un
ensemble de données de base que j’ai arrêtées à l’attention de
Philippe Crapart pour les termes de référence de sa mission et à laquelle je
souhaitais que les participants adhèrent. Il s’agit de pluridisciplinarité,
de solidarité, d’esprit commercial, d’honnêteté de professionnalisme, de
tarifs de missions.
Une fois en réseau les experts vont-ils tarifer cher ?
Nous n’en sommes qu’à la constitution du réseau.. Pour les tarifs, on verra
plus tard. Le tarif sera celui que le marché acceptera. La question est de
savoir si l’entreprise aura le sentiment que lorsqu’elle reçoit un
consultant elle recevait quelqu’un qui allait lui apporter une valeur
ajoutée ? Cette aspiration de qualité était notre première inspiration. Avec
ce réseau, c’est une qualité qui va se voir et c’est une excellence au
concret. Je pense que les experts du réseau au travers de la charte qui va
découler de cette constitution offriront une qualité que l’entreprise paiera
et que l’entreprise sera convaincue de la valeur ajoutée qu’elle va
recevoir. Le deal sera donc, équitable.
A présent que l’innovation est à son bout quelle sera votre prochaine épopée?
Personnellement je crois beaucoup à l’évolution de ce pays . Je n’en suis à
présent qu’à la troisième marche de l’escalier qui doit en comporter une
dizaine. De loin je n’en suis pas au bout. Alors je pense, pour les étapes
qui vont venir, au transfert technologique, à la mise en place d’un tableau
de bord d’indicateurs de l’innovation qui est absolument essentiel pour
pouvoir mener la politique la plus juste et la plus efficace. Je pense aussi
à l’intelligence économique. Je réfère en celà au manifeste d’Oslo qui veut
que l’innovation est tout ce qui touche le produit, le marketing, le
processus, et les procédés de fabrication. A partir du moment où on est dans
ce cadre là, il y a à faire. On a fait une série importante de projets
pilotes pour doter l’entreprise tunisienne d’une consultance spécialisée et
l’administration tunisienne de consultants susceptibles de véhiculer le même
langage et la même culture.. On est donc en train de doter la Tunisie de
cette force de frappe de terrain. Après ça, il y a un ensemble de choses à
faire au niveau de l’environnement auxquelles on peut associer les Centres
de recherche pour doter la Tunisie d’un outil de benchmarking avec des
éléments précis en matière d’innovation. C’est autant d’ éléments qui
permettent de à la Tunisie de se situer par rapport aux pays les plus
proches mais aussi aux pays leaders pour tirer la Tunisie au plus haut dans
ce domaine là.
Là-dessus, vous faites un focus sur la Pérennité de l’entreprise?
Au travers de notre base line, on s’est aperçu que l’entreprise tunisienne
n’est pas pérenne elle a une durée de vie équivalente à celle de son
fondateur. Après c’est mystère et aléa.
C’est un problème de transmission ?
Oui tout à fait et même si à l’heure actuelle cela ne figure pas dans mon
agenda, cela viendra.
Quels sont les concepts clés dans le jargon de l’innovation ?
Le point de départ de ma pensée en ce qui concerne ce réseau c’était
:Engagement , solidarité, action commune, professionnalisme, pérennité,
avenir, force commerciale, indépendance, qualité et le tout dédié à
l’innovation.. C’est une palette de préceptes et d’outils nécessaires à un
réseau pour fonctionner et qui sont très individualisés et inhabituels en
Tunisie. Aujourd’hui qu’on est dans un processus institutionnalisé et que la
grande mutation est que des consultants travaillent ensemble, font du
commercial ensemble, se présentent dans les entreprises ayez des compétences
pluridisciplinaires ces concepts seront diffusés.
Comment voyez-vous le déroulement de la campagne électorale ?
Je vais m’en tenir à ce que je sais le plus. Je vois le pays poursuivre
cette aventure industrielle qui est assez impressionnante. Moi j’ai la
chance d’accompagner la Tunisie depuis 2002 et je me suis aperçu de
l’évolution considérable qui a été opérée dans le domaine industriel et
j’attends que le pays poursuive cette politique industrielle remarquable.