Titulaire d’un diplôme d’études supérieures en droit privé en 1978, Ferid Ben
Tanfous, DG de l’ATB, n’a jamais quitté les bancs de l’école non seulement en
tant qu’étudiant mais aussi en tant qu’enseignant puisqu’il est maître de
Conférences à l’Institut Technique de Banque à Paris.
Après avoir reçu une formation en expertise comptable en 1978, il suit en 2005,
une formation qui lui permet de réussir un
MBA
pour cadre, à L’université du
Québec à Montréal et un autre MBA Finance du « Mediterranean School of Business
» (M.S.B) en Tunisie en 2008. Pour lui, apprendre, encore et toujours, relève
presque du sacré. D’ailleurs, cinq parmi ses hauts cadres suivent cette année un MBA au M.S.B et dit-il non sans fierté prés de 80% des employés de l’ATB ont
suivi l’année dernière des formations. Car comme il le précise dans l’interview
ci-après : « A la base du « service bancaire » comme de tout autre activité de
service, il y a des hommes et des femmes… ».
Ferid Ben Tanfous est aussi le Président de l’Association Tunisienne des Banques
et des Etablissements Financiers et c’est à ce titre que nous lui adressons
notre première question.
Vous
en êtes à votre deuxième année d’exercice en tant que président de l’article-45980-salon-des-services-bancaires-et-de-la-monetique-la-2eme-edition-fin-octobre-debut-novembre ,
avez-vous pu établir les diagnostics des points forts et des faiblesses de
l’Association? Et si c’est le cas quels sont-ils ?
Je voudrais commencer par préciser que l’APTBEF ne m’est pas inconnue. Bien
avant mon élection à la tête de cette institution, j’y ai siégé en tant que
membre du Conseil. Ceci étant, il y a lieu de préciser que l’association est
un lieu privilégié pour le travail coopératif entre les banques de la place
et, dans la mesure où les banques tunisiennes doivent poursuivre leur
industrialisation, en s’appuyant sur des modèles permettant de mutualiser
les moyens de production, l’APTBEF a assurément un rôle important à jouer
particulièrement dans la :
– Consolidation des acquis en matière de formation du personnel et des cadres
bancaires en veillant à moderniser ses méthodes et ses filières pour
s’adapter aux nouveaux besoins de la banque moderne
– Réalisation d’études et de recherches sectorielles permettant aux banques
d’être à jour et de consolider leur capacité d’anticipation et d’adaptation
– Veille au respect de l’éthique bancaire dans l’intérêt des Institutions
adhérentes et de leurs clients.
Quel est selon vous le rôle de l’APTBEF dans l’amélioration des relations
interbancaires et des services bancaires? Quel est également son rôle dans
la préservation des valeurs morales et de l’éthique au niveau du secteur
bancaire ?
Les questions que vous venez de soulever sont trop importantes pour se
prêter à un traitement unilatéral. Les pouvoirs publics, les autorités
monétaires, les banques elles-mêmes, chacun à son niveau, a un rôle
spécifique à jouer. Il reste toutefois, qu’il appartient à l’APTBEF en tant
que structure de réflexion et de concertation des banques, de mûrir et de
réfléchir aux voies les plus indiquées pour améliorer la relation
banque-citoyen et pour veiller à ce que la profession continue à être régie
par des règles éthiques…
Estimez-vous que le secteur bancaire tunisien s’en est bien sorti par
rapport à la crise, une année après? Bien que certaines PME se plaignent
toujours du manque de coopération de la part des banques ?
La plupart des analystes et des organisations internationales telles que le
FMI ont relevé que le secteur financier tunisien n’a pas ressenti les effets
directs de la crise mondiale et que la stratégie de long terme
d’assainissement du secteur bancaire a conduit à une baisse du taux de
créances classées en pourcentage des créances totales de 17,6 % en 2007 à
15,5 % en 2008 et une augmentation du taux de provisionnement de 53,2 % en
2007 à 56,8 % en 2008. C’est dire donc que, non seulement le secteur
bancaire tunisien s’en est bien sorti par rapport à la crise, mais il a même
traversé la crise en consolidant son assise financière.
En outre les banques ne cessent d’œuvrer pour améliorer la qualité de leur
service pour mieux satisfaire leur client, PME comprises, en réduisant les
délais de réponse, en développant leur capacité d’analyse, et en
diversifiant leurs produits pour mieux s’adapter aux divers besoins des
clients (l’élément fondamental du Fonds de Commerce de la banque).
Comment jugez-vous en tant que président de l’APTBEF , le secteur bancaire
tunisien? Estimez-vous qu’il est au diapason des normes internationales au
niveau des produits et des services ?
Je voudrais vous faire observer que la mise à niveau des services financiers
tunisiens pour correspondre aux normes internationales est un processus
continu, un travail de tous les instants car les progrès dans ce domaine
sont continuels. Le secteur bancaire tunisien a amorcé depuis longtemps le
process de mise en conformité avec les normes internationales. Du reste, ces
dernières sont en voie d’être réévaluées en ce moment par suite des lacunes
et insuffisances révélées par la crise financière…
Quelle importance revêt pour vous la formation pour améliorer la qualité
du secteur bancaire et financier en Tunisie ?
La formation est assurément un axe stratégique de l’action des banques
tunisiennes pour améliorer la qualité de leurs prestations financières,
améliorer la qualité de leur offre et pour se hisser au niveau des banques
internationales. A la base du «service bancaire» comme de tout autre
activité de service, il y a les hommes…
On reproche très souvent aux banques tunisiennes de ne pas
s’internationaliser, serait-ce du à la frilosité, à l’absence d’une
stratégie claire et précise quant à leur déploiement sous d’autres cieux ?
Il s’agit de s’entendre sur ce que vous entendez par «internationalisation» d’une banque. Mais je constate que de plus en plus de banques tunisiennes
sont adossées à des groupes bancaires de taille internationale non
négligeable. D’autres, ont inauguré une stratégie de présence et
d’accompagnement de leurs clients, dans les pays de proximité dans la
région. Le processus d’ouverture économique qui a cours dans notre pays ne
peut aller que dans le sens du renforcement de cette tendance…
Par ailleurs, il est à rappeler que le secteur bancaire a marqué sa présence
depuis longtemps dans les pays étrangers tels que la France, le Liban, le
Mali, le Niger, la Mauritanie, le Sénégal….
Sont-elles assez performantes pour s’imposer à l’extérieur du pays et se
défendre à l’intérieur face à une concurrence de plus en plus accrue de la
part des banques internationales ?
L’histoire récente nous révèle que, d’une manière générale, les entreprises
et les managers tunisiens ont toujours fait montre de capacités à se
renouveler et à s’adapter à un contexte nouveau. Les banques tunisiennes
n’échappent pas à la règle. Elles sont d’ores et déjà exposées à la
concurrence internationale … et heureusement elles se défendent bien.
Vous avez déclaré à un journal de la place que vous ambitionnez de
devenir le leader tunisien des métiers de la banque, quel est votre
stratégie ?
L’ambition pour une entreprise quelle qu’elle soit, et cela vaut pour la
banque, est un aiguillon nécessaire pour stimuler les ardeurs, mobiliser les
ressources et les motiver.
Pensez-vous que pour réussir, un banquier doit être audacieux et oser
développer des produits non traditionnels ?
La réussite pour un banquier n’est guère réductible à l’innovation ou un
quelconque tempérament. La banque est une «entreprise citoyenne» et sa
réussite se mesure aussi à l’aune de sa contribution à satisfaire sa
clientèle, à sa contribution à financer l’investissement, aux initiatives
citoyennes pour encadre les jeunes qui promettent, etc.
Nous sommes presque à la fin de l’année 2009, êtes vous satisfait des
réalisations de l’ATB ?
L’ATB est aujourd’hui une banque majeure sur la place de Tunis. Son réseau
d’une centaine d’agences couvre toutes les régions du pays. C’est aussi une
banque qui se développe à un rythme soutenu. Son Produit Net Bancaire
progresse à un rythme à deux chiffres et les ratios de gestion bancaire de
la banque en constante amélioration. De ce point de vue, il y a tout lieu
d’être satisfait. Mais, l’ATB doit poursuivre l’effort pour faire de la «
qualité » une culture qui imprègne la banque en tous lieux et à tous les
niveaux. Elle doit continuer à investir pour développer l’innovation et
optimiser l’énorme potentiel que recèlent les nouvelles technologies…
Comment voyez-vous l’avenir du secteur bancaire en Tunisie?
Le secteur connait des améliorations très consistantes. Depuis les réformes
qui ont été menées à partir 1987 sous la houlette de la
Banque Centrale de
Tunisie, le secteur bancaire a franchi des pas géants en termes de
restructuration financière, de consolidation de l’assise financière,
d’amélioration des qualités de service et de qualification des ressources
humaines qui sont disponibles ainsi que en termes de couverture des «
créances accrochées ». D’autres avancées restent à accomplir notamment pour
se développer à l’international et assurer la présence des banques
tunisiennes sur les marchés des pays de proximité et au-delà, dans la région
méditerranéenne et africaine. Pour cela, le secteur devra favoriser
l’émergence de pôles financiers assez puissants pour pouvoir soutenir un
déploiement à l’international car le ticket d’entrée sur les marchés
extérieurs est élevé.