ésident de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet, le 3 septembre 2009 à Francfort (Photo : Thomas Lohnes) |
[01/11/2009 13:08:19] FRANCFORT (Allemagne) (AFP) Face à une reprise encore vulnérable, la Banque centrale européenne (BCE) va maintenir ses taux à leur plus bas niveau historique pendant encore de longs mois, estiment les experts.
Les gouverneurs de la BCE, qui se réunissent jeudi, devraient décider de garder le principal taux directeur à 1%. Il stationne à ce niveau depuis mai.
“La BCE va probablement de nouveau estimer le niveau de ses taux approprié lors de sa réunion et souligner les incertitudes élevées de la situation actuelle”, résume Jörg Krämer, chef économiste à la Commerzbank.
Jean-Claude Trichet, président de l’institution, répète inlassablement ce même message depuis plusieurs mois.
“La relance en zone euro reste hésitante, l’inflation de base ralentit et le crédit, malgré quelques lueurs positives, continue de pointer vers le bas”, souligne Nikolaus Keis, d’UniCredit.
La BCE n’a donc pas d’autre choix que d’attendre avant de changer de cap dans sa politique monétaire. Une hausse de taux sera le prochain geste, mais pas avant la mi-2010 au plus tôt, prédisent les économistes.
Il en va autrement outre-Atlantique. La croissance robuste du troisième trimestre, la faiblesse du dollar, la normalisation en cours des marchés financiers, la remontée des cours des actions: les arguments en faveur d’un resserrement du principal taux directeur, proche de zéro, de la Réserve fédérale (Fed) s’accumulent, souligne l’analyste d’UniCredit.
En zone euro, l’évolution du crédit représente une grande inconnue. En septembre, l’octroi de prêts au secteur privé –entreprises et particuliers– a reculé, de 0,3%, sur un an, du jamais vu depuis l’apparition de ces statistiques en 1992.
Parallèlement, une étude trimestrielle de la BCE a révélé que les banques ont resserré à nouveau leurs conditions de crédit à l’automne, mais elles étaient nettement moins nombreuses à l’avoir fait qu’au printemps ou au pire de la crise en début d’année.
“Il est trop tôt pour déclarer la fin du +credit crunch+”, estime l’expert de Commerzbank. Une raréfaction du crédit, si elle se généralisait, pourrait entraver toute velléité de reprise.
Depuis le déclenchement de la crise financière, qui a débuté en août 2007 par la débâcle des crédits immobiliers à risque aux Etats-Unis (“subprime”), la BCE est venue au secours des banques devenues allergiques aux risques, leur assurant un approvisionnement continu en liquidités bon marché.
Elle a singulièrement renforcé ses mesures exceptionnelles de soutien au crédit après la faillite de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers, qui a failli faire basculer l’ensemble de la finance mondiale.
Les banques ont utilisé ces mannes pour réinvestir sur les marchés financiers, ce qui a fortement contribué à leur rétablissement actuel, sans pour autant que l’économie réelle en profite sous forme de crédit meilleur marché. En revanche, bonus et dividende reviennent sur le devant de la scène.
Les risques d’un détournement de l’aide des banques centrales inquiète ses responsables.
Jean-Claude Trichet a récemment enjoint les banques de s’abstenir de toute distribution de bonus “excessive” et d’émettre “le cas échéant des actions nouvelles” pour renforcer leurs fonds propres.
L’Allemand Axel Weber a lui aussi mis en garde le secteur et laissé entrevoir un retrait progressif mais prochain des mesures exceptionnelles. Pour le président de la Bundesbank, “subsister grâce aux perfusions de liquidités n’est pas une option durable pour l’avenir (…)”.