Actuellement focalisé sur la consolidation de l’entreprise qu’il dirige, Mohamed
Hechmi Djilani voudrait, à moyen terme, faire rentrer Hannibal Lease dans le
«Top Three». En attendant de se donner les moyens d’une expansion
internationale.
Même s’il ne boude pas le plaisir de voir ses efforts commencer à porter leurs
fruits,
Mohamed Hechmi Djilani
n’est pas du genre à se laisser aller à
l’autosatisfaction. Car le chantier qu’il pilote, en tant que
président-directeur général de
Hannibal Lease, est loin d’être terminé. Les
clignotants commencent à virer au vert –des fonds propres plus consistants,
meilleure couverture des actifs classés, etc., ce qui s’est traduit par une
révision à la hausse (de ‘BB(tun)’ à ‘BB+(tun)’) de la note accordée par
Fitchratings. Mais cette embellie ne détourne pas Hechmi Djilani (HL) de
l’essentiel : la poursuite de l’action –de longue haleine- de consolidation de
cette société de leasing dont le groupe familial contrôle plus de 56,2% du
capital. En effet, le jeune patron de la quatrième plus importante société de
leasing du pays sait parfaitement qu’il n’est pas –encore- au bout de ses
peines.
Assumant les erreurs des premières années d’existence, la société, créée en
2001, doit encore améliorer ses fondamentaux.
Fitch ratings constate que «la
rentabilité de HL reste marquée par une faible marge nette comparée à celle de
ses pairs (4,27% en 2008)», par «des dotations aux provisions élevées» et une
qualité d’actifs qui, bien qu’«en amélioration, est fragile et inférieure à
celle de ses pairs». Enfin, «la liquidité de HL reste serrée, bien qu’en
amélioration».
Ce passé difficile et ce présent qui l’est de moins en moins, Mohamed Hechmi
Djilani en a l’explication. D’abord, «ayant commencé à être notée depuis
seulement deux ans, Hannibal Lease part forcément avec un petit handicap dû à la
“jeunesse” de sa note». Ensuite, «nous avons eu un coût d’apprentissage élevé
durant les premières années. En 2002 et 2003 en particulier, le coût du risque
pour Hannibal Lease a littéralement explosé et nous avons mis plusieurs années
pour l’amortir tout en s’en inspirant dans notre nouvelle approche du risque»,
note notre interlocuteur. De même, Hannibal Lease est encore «sur une
perspective de consolidation de sa surface et de ses ratios financiers plutôt
que la recherche de rentabilité immédiate. Nous avons adopté, dès notre
démarrage, un rythme de croissance soutenu qui nous imposait, notamment, un
recrutement ambitieux et de qualité -nous avons démarré avec une dizaine de
collaborateurs et nous sommes plus de cinquante aujourd’hui-, et une couverture
géographique accrue. Présents à Tunis, Sousse, Sfax et Djerba, nous avons un
programme actif d’ouverture de nouvelles agences. Pour toutes ces raisons, nous
n’envisageons pas de comprimer nos charges d’exploitation».
Enfin, HL «n’étant pas adossée à une banque, cela s’est traduit par un surcoût
de nos ressources financières durant les premières années : nous avons consenti
à servir une prime de risque supérieure à celle de nos concurrents durant nos
premiers exercices. Nous l’acceptions car HL devait encore faire ses preuves. Ce
n’est plus le cas aujourd’hui», constate Mohamed Hechmi Djilani.
Mais, grâce à l’effort de restructuration de la dette dans lequel s’inscrivent
les émissions obligataires successives (40 millions DT en 2009), Hannibal Lease
peut se prévaloir d’une forte côte de confiance auprès du marché financier. Pour
la première fois cette année, le taux de couverture des créances accrochées– qui
sont «inférieures à 7%», souligne Mohamed Hechmi Djilani- dépasse la barre des
70%. «Nos ratios sont aujourd’hui honorables, mais une amélioration est toujours
envisageable», clame le p-dg, qui annonce que «la rentabilité sera meilleure
cette année». Ce qui permet de voir l’avenir en rose.
Quatrième plus importante société de leasing du pays, avec plus de 10% de part
de marché –derrière
Tunisie Leasing, Arab Tunisian Lease et Compagnie
Internationale de Leasing-, Hannibal Lease ne cache pas son ambition d’aller
plus loin. S’il a la modestie d’admettre qu’«à court et moyen terme nous n’avons
pas du tout l’ambition d’aller titiller le leader du marché», le patron de HL
observe que «nous sommes sur un marché où la taille importe. Nous souhaitons
donc augmenter notre part de marché mais dans des proportions raisonnables». La
course-poursuite est lancée.