ège de la Banque centrale européenne à Francfort (Photo : Martin Oeser) |
[05/11/2009 07:43:30] FRANCFORT (AFP) La Banque centrale européenne s’apprête à garder ses taux directeurs inchangés jeudi lors de son conseil des gouverneurs et devrait faire durer encore le suspense sur ses intentions pour l’avenir.
Les économistes sont unanimes dans leurs attentes d’un nouveau statu quo monétaire en zone euro. Le principal taux directeur est fixé à 1% depuis mai, son plus bas niveau depuis la création de la BCE il y a onze ans.
La force actuelle de l’euro, dommageable aux exportations, la faiblesse du crédit ou le projet des gardiens de l’euro concernant la prochaine opération de refinancement sur un an: les questions intéressantes ne manquent pas, souligne Carsten Brzeski, économiste chez ING.
ésident de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet, le 3 septembre 2009 à Francfort (Photo : Thomas Lohnes) |
Pourtant, la BCE va sans doute “à nouveau gagner du temps en ne disant rien”, redoute-t-il. Ou plus précisément rien de nouveau. Son président Jean-Claude Trichet va probablement qualifier le niveau des taux directeurs d'”approprié” et les perspectives économiques toujours entourées d'”incertitudes élevées”.
Les signes d’une amélioration de la conjoncture se sont pourtant multipliés. L’activité manufacturière, qui a renoué avec une progression en octobre après dix-sept mois de contraction, est l’une des preuves récentes les plus tangibles d’une sortie de récession en zone euro.
Le retour de la croissance au troisième trimestre paraît “une formalité”, juge l’économiste d’ING, mais la BCE va préférer attendre d’avoir confirmation avec le Produit intérieur brut (PIB) à la mi-novembre. Ensuite elle pourra mettre au point sa stratégie de communication pour les enjeux des mois à venir.
Pour les économistes, il faudra attendre décembre avant d’avoir du nouveau. D’une part, la BCE publiera ses nouvelles prévisions économiques et devrait, à l’instar de la Commission européenne mardi, confirmer son scénario d’une relance économique très progressive sans danger inflationniste.
D’autre part, elle pourrait jeter les bases d’un retrait de ses mesures exceptionnelles.
La BCE a choisi depuis le début de la crise d’abreuver les banques de liquidités bon marché via un arsenal d’opérations de refinancement de maturités diverses, d’une semaine à un an, en euros ou en dollars.
Début décembre, elle pourrait annoncer son dernier appel d’offres sur un an. Cette mesure est l’une des plus généreuses mises en place par la BCE pour aider les banques à se refinancer. Lors de la première cet été, les établissements avait emprunté quelque 442 milliards, du jamais vu en une seule opération, lors de la deuxième 75 milliards, signe d’une nette détente du marché monétaire.
Elle pourrait aussi espacer la fréquences des opérations à long terme, sur six mois pour commencer, estime Aurelio Maccario d’Unicredit.
L’Allemand Axel Weber, membre du conseil des gouverneurs, a récemment conseillé aux banques de se préparer à l’idée de vivre sans la manne des banques centrales, tout en les assurant que le retrait des mesures exceptionnelles serait graduel et suffisamment étalé dans le temps pour ne pas étrangler les banques.
Ce n’est qu’après avoir entamé ce processus et s’être assurée que le crédit ait repris au cours du premier semestre 2010 que la BCE commencera à envisager une remontée de ses taux, jugent les économistes, à partir de la mi-2010. Pour Alexander Krüger de la banque allemande Bankhaus-Lampe, il faudra attendre septembre 2010 avant le premier geste.