Les Nordiques disent oui au gazoduc russe pour approvisionner l’Europe

[05/11/2009 16:32:20] STOCKHOLM (AFP)

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ège du géant gazier Gazprom à Moscou le 7 janvier 2009 (Photo : Yuri Kadobnov)

Après des années d’atermoiement, la Suède et la Finlande ont donné jeudi leur aval au passage du gazoduc russe, Nord Stream, dans leurs eaux de la mer Baltique, ouvrant la voie à ce projet très controversé destiné à approvisionner l’Europe en gaz russe par un canal “sûr”.

Ce déblocage du projet Nord Stream intervient au moment où de nouvelles tensions ont surgi entre Moscou et l’Ukraine, pays par lequel transite actuellement la majorité du gaz russe destiné à l’Europe.

Cet accord était d’autant plus attendu que l’Union européenne cherche à diversifier ses sources et routes d’approvisionnement en gaz pour ne plus être l’otage des différends entre la Russie (40% de ses importations), et l’Ukraine, pays de transit pour 80% de ses achats.

C’est le ministre suédois de l’environnement, Andreas Carlgren, qui a annoncé l’autorisation de son gouvernement au gazoduc dans les eaux internationales, à l’intérieur de la zone économique suédoise.

Dans la foulée, la Finlande a également dit oui au consortium Nord Stream.

Le Danemark avait, lui, donné son feu vert le 20 octobre dernier à la construction au printemps prochain du gazoduc reliant la Russie à l’Allemagne.

Le ministre suédois a estimé qu’après 23 mois d’enquêtes écologiques, “la condition environnementale” était remplie.

Le Premier ministre russe Vladimir Poutine s’est immédiatement félicité de ces accords, remerciant ses “collègues suédois” et “partenaires finlandais”.

Les trois pays nordiques avaient émis de grandes réserves sur ce projet en raison de l’impact potentiel sur l’environnement.

Quelque 40.000 tonnes d’armes chimiques, comme le gaz moutarde, reposent en effet au fond de la mer Baltique, dont 13.000 tonnes d’agents chimiques actifs, selon des estimations de la Commission d’Helsinki sur la protection de l’écosystème marin de la mer Baltique.

Le scepticisme des gouvernements nordiques avait entraîné des tensions avec la Russie.

En juin dernier, l’ambassadeur de Russie auprès de l’UE, Vladimir Tchijov, avait demandé au Premier ministre suédois s’il allait faire de Nord Stream une priorité de sa présidence.

“Nous évaluons ce projet au regard de la législation suédoise, nous croyons en l’Etat de droit”, avait alors sèchement répliqué Fredrik Reinfeldt.

“C’est un jour important pour le projet Nord Stream”, a déclaré jeudi le directeur exécutif du consortium germano-russe, Matthias Warnig, dans un communiqué.

Ce “sont de nouvelles étapes importantes pour notre projet et pour la sécurité des approvisionnements à l’Europe”, a-t-il souligné.

La Finlande a une nouvelle fois insisté sur l’aspect écologique, exhortant Nord Stream à prendre “toutes les mesures possibles pour empêcher et minimiser tout dommage”, à la vie marine.

Ce projet, piloté par le géant gazier russe Gazprom, associé à deux groupes allemands, doit relier sur 1.220 kilomètres Vyborg en Russie à Greifswald en Allemagne, en passant sous la mer Baltique par les territoires russe, finlandais, suédois, danois et allemand.

Le feu vert suédois intervient à deux semaines d’un sommet Russie-Union européenne le 18 novembre en Suède, pays qui assure la présidence tournante de l’Union.

Il est en outre annoncé au moment où le conflit gazier entre la Russie et l’Ukraine refait surface. M. Poutine a appelé l’Europe à “aider l’Ukraine” à payer ses factures de gaz, après avoir averti l’UE que ses approvisionnements en gaz russe risquaient d’être perturbés si Kiev ne payait pas.

La livraison de gaz à l’Europe via ce gazoduc, formé de 2 tubes, devrait commencer à l’automne 2011.

Ces deux tubes pourront acheminer à terme 55 milliards de m3 de gaz naturel par an de la Russie vers le marché européen, correspondant à 11% de la consommation annuelle attendue de l’UE en 2011.