La reprise en zone euro reste soumise à risque, selon le président de la BCE

[05/11/2009 16:28:17] FRANCFORT (AFP)

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ésident de la BCE Jean-Claude Trichet le 5 novembre 2009 lors d’une conférence de presse à Francfort. (Photo : Martin Oeser)

L’économie en zone euro va se reprendre progressivement l’an prochain, mais la relance reste entourée d’incertitudes élevées, a déclaré jeudi le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet lors d’une conférence de presse.

Les dernières statistiques confirment l’hypothèse de la BCE, qui s’attend à une “reprise économique progressive en 2010”, a expliqué le Français.

Mais les incertitudes concernant ce scénario restent “élevées”, a-t-il prévenu, l’économie étant actuellement surtout portée par les plans de soutien gouvernementaux.

Alors que les craintes de pénurie du crédit restent vives, le président de la BCE a renouvelé son appel aux banques, les encourageant “à faire le nécessaire pour réparer leur bilan et faire leur travail, à savoir octroyer des crédits” aux particuliers et aux entreprises.

La force de l’euro, qui désavantage les exportateurs européens, est aussi un sujet d’inquiétude. Il a dit “reprendre à son compte” les déclarations des autorités américaines en faveur d’un dollar fort.

Côté inflation en zone euro, la BCE attend un retour à des “taux positifs dans les mois à venir”, après cinq mois de contraction des prix sur un an. Mais “la stabilité des prix sera maintenue à moyen terme”, a-t-il ajouté, façon pour la BCE de dire qu’elle ne voit aucun risque d’inflation futur.

“Le niveau des taux reste approprié”, a-t-il résumé, suggérant une poursuite du statu quo monétaire dans les mois à venir. Plus tôt, le conseil des gouverneurs avait décidé “à l’unanimité” de maintenir le principal taux directeur à son niveau historiquement bas de 1%.

Le Français a réitéré ses mises en gardes en direction des gouvernements, qui ont laissé filé leur déficit et fait grimper leur dette pour financer des plans de relance économique. “Des déficits et dettes publics élevés pourraient compliquer la tâche de maintien de la stabilité des prix (assignée) à la politique monétaire commune”, a-t-il averti.

Il a exhorté les gouvernements à “communiquer” et quand le temps sera venu à appliquer progressivement “des stratégies de consolidation budgétaire ambitieuses basées sur des prévisions de croissance réalistes, et centrées sur des réformes en matière de dépenses”. Les pays européens ont récemment convenu d’entamer l’assainissement de leurs finances au plus tard en 2011.

“Les baisses d’impôts devraient être seulement envisagées sur le moyen terme, quand les pays auront regagné suffisamment de marge de manoeuvre budgétaire”, a-t-il aussi déclaré à l’adresse de “l’ensemble des pays de la zone euro”.

Evoquant le retrait des mesures exceptionnelles de soutien au crédit mises en place cette fois par la BCE, il a donné “rendez-vous” en décembre pour plus de détails mais redit que l’absorption de la masse de liquidités injectées par la BCE depuis le déclenchement de la crise serait progressive.

La BCE pourrait commencer par réduire l’arsenal actuel d’opérations de refinancement, dont les maturités vont de une semaine à 12 mois. Le prochain appel d’offres sur un an, l’une des mesures les plus spectaculaires de soutien au crédit mises en oeuvre par l’institution, doit être lancé en décembre. Les marchés s’attendent à ce qu’il soit le dernier.