Pierre Gadonneix défend sa gestion à la tête d’EDF avant de passer la main

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à Jouy-en-Josas. (Photo : Eric Piermont)

[05/11/2009 17:30:42] PARIS (AFP) Le PDG sortant d’EDF, Pierre Gadonneix, a profité jeudi de sa dernière assemblée générale en tant que patron du groupe d’électricité pour défendre sa politique d’acquisitions internationales et sa gestion contestée du parc nucléaire français.

M. Gadonneix, dont le mandat s’achève le 22 novembre, doit être remplacé par Henri Proglio, actuel PDG de Veolia Environnement, qui a été réélu administrateur d’EDF jeudi par 96,5% des actionnaires.

“Gado”, comme l’appellent ses collaborateurs, a mis en avant les mutations de l’ancien établissement public au cours de sa présidence.

“L’entreprise aura probablement plus changé en 5 ans que dans les décennies précédentes”, a-t-il affirmé.

Il a cité les acquisitions en Italie (Edison) et au Royaume-Uni (British Energy) qui ont fait d’Electricité de France un “groupe européen” et contribué à “l’amélioration de la performance de l’entreprise”.

Les syndicats et une partie de la classe politique avaient critiqué le prix élevé (13,5 milliards d’euros) déboursé pour racheter British Energy.

Alors que son successeur désigné a émis des doutes sur le bien-fondé de l’acquisition des activités nucléaires de l’américain Constellation Energy, M. Gadonneix a assuré que cette opération contribuerait “positivement” aux résultats du groupe “dès 2010”.

“A l?heure où les marchés s?ouvrent, les anciens monopoles ne peuvent que perdre des parts de marché. Rester dans nos frontières historiques n?était pas un choix possible”, a-t-il martelé.

Sur la France, M. Gadonneix a dû toutefois reconnaître que la production nucléaire d’EDF s’inscrirait en 2009 en “retrait sensible” par rapport à 2008, à cause du conflit social du printemps mais aussi pour des raisons techniques.

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éolia Environement, Henri Proglio, tient une conférence de presse le 24 septembre 2009 à Paris (Photo : Martin Bureau)

Le Premier ministre, François Fillon, a critiqué jeudi un “problème d’organisation et de calendrier de maintenance” dans la gestion du parc nucléaire, estimant qu’il n’était “pas normal” qu’il fonctionne à seulement 80% des ses capacités.

Près d’un réacteur nucléaire sur trois était à l’arrêt lundi. Le taux de disponibilité du parc nucléaire français est tombé de 83,4% en 2005 à 79,2% en 2008.

“Le nucléaire n?est pas une rente, c?est un outil industriel qu?il faut entretenir”, a souligné M. Gadonneix, insistant sur l’effort d’investissement qui restait à faire pour maintenir la performance du parc. Investissements qui devront un jour se refléter dans le “niveau des tarifs”, a-t-il dit.

M. Gadonneix avait demandé en juillet une hausse de 20% des tarifs de l’électricité en France, afin de financer les investissements du groupe, une déclaration qui avait été vivement critiquée par le gouvernement.

L’action de M. Gadonneix a été saluée par de nombreux actionnaires au cours de l’assemblée générale, au premier rang desquels l’Etat (84,4% du capital).

Le directeur général de l’Agence de participations de l’Etat, Bruno Bézard, a ainsi salué l’action de M. Gadonneix qui a, selon lui, fait d’EDF “une entreprise un peu plus ouverte, un peu moins péremptoire”. Ce dernier a alors laissé échapper quelques larmes.

La nomination de son successeur a enfin donné lieu à plusieurs questions de petits porteurs, inquiets de sa double casquette EDF-Veolia. M. Proglio devrait rester président du conseil d’administration de Veolia Environnement une fois nommé patron d’EDF.

“Il n’y a pas de conflit d’intérêt entre EDF et Veolia”, a assuré, au nom du conseil d’administration, la secrétaire générale d’EDF, Marianne Laigneau.

M. Proglio, qui siège au conseil d’administration d’EDF depuis 2004, n’a dû s’abstenir qu’une fois en 73 réunions, a-t-elle affirmé.

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