[06/11/2009 16:10:13] MARSEILLE (AFP)
à conteneurs du port autonome de Marseille à Fos-sur-Mer le 26 octobre 2007 (Photo : Boris Horvat) |
La grève des agents et dockers CGT, qui craignent les conséquences sociales de la réforme des ports, est bien suivie à Marseille-Fos, où l’activité marchandises est totalement paralysée, a-t-on appris vendredi auprès de la direction.
“Selon nos informations, le mouvement serait suivi à 100%”, a indiqué à l’AFP une porte-parole du Grand port maritime de Marseille (GPMM).
Sur les bassins Est de Marseille ainsi qu’à Fos, l’activité marchandises est “arrêtée depuis hier (jeudi, ndlr) soir 20H pour 24 heures”, a-t-elle précisé, ajoutant qu'”il n’y a pas d’incidence pour le secteur passagers”. Par ailleurs, un terminal pétrolier sur deux est touché.
Pascal Galéoté, secrétaire général de la CGT des agents du port de Marseille, a expliqué à l’AFP que la mise en oeuvre de la réforme “est plus que catastrophique sur l’ensemble des ports”. “A Marseille on n’échappe pas à la situation, les opérateurs privés sont dans l’incapacité de s’engager sur le long terme et d’assurer le transfert” dans un contexte économique difficile, a-t-il ajouté.
La loi du 4 juillet 2008 sur la réforme des sept grands ports français, qui a pour objectif la reconquête de parts de marché en Europe, prévoit un changement de leur mode d’organisation et un transfert de la totalité des activités de manutention portuaire – personnels et outils – vers des opérateurs privés. Les syndicalistes dénoncent également l’absence de projets de relance. “Les investissements promis par le gouvernement ne sont pas à la hauteur des attentes et de ce qu’il faudrait pour pouvoir concurrencer les ports voisins”, a regretté M. Galéoté. Quant aux “30.000 emplois promis, on fait la démonstration de l’inverse!”.
Les dockers, déjà passés au privés en 1992, craignent eux aussi les conséquences de la réforme. “Rebelote quinze ans après, la restructuration nous pend au bout du nez”, a lancé Daniel Manca, secrétaire général du syndicat CGT des dockers de Marseille-Est, lors d’un point presse.
“Il est impensable pour nous qu’on puisse encore rogner une partie du port de commerce”, a-t-il souligné: “les dockers en ont marre que la croisière se développe à Marseille et que nos emplois sur les bateaux à conteneurs ne cessent de diminuer depuis des années”.
Le port du Havre était également fortement perturbé vendredi par la grève nationale appelée par la CGT . Dans ce port, qui est le second par le trafic en France après Marseille, la totalité des 1.800 dockers employés dans les entreprises de manutention et la majorité des 1.500 agents du GPMH ont cessé le travail, selon la CGT. Plusieurs dizaines de grévistes devaient se rendre à Paris pour manifester en compagnie de salariés d’autres ports.
La FNPD rejette notamment un projet de décret relatif à l’indemnisation des salariés concernés par l’amiante et estime que les promesses d’investissements contenues dans le projet de réforme n’ont pas été tenues. “Mis à part les projets déjà connus pour le conteneur au Havre et à Marseille, on n’a rien vu venir alors qu’on nous promettait un nouveau souffle pour les ports”, affirme Johann Fortier secrétaire général adjoint du syndicat des dockers du Havre.
Votée au Parlement en juillet 2008, la réforme des ports a fait l’objet d’un accord cadre signé par la FNPD et qui est en cours de déclinaison port par port. Elle prévoit notamment une reprise des investissements de l’Etat, un changement du mode de gouvernance des ports et surtout la poursuite du transfert vers le privé des terminaux et de leurs personnels.