Le FMI reporte un versement à la Roumanie face à l’incertitude politique

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ésident roumain Traian Basescu, le 14 octobre 2009 (Photo : Daniel Mihailescu)

[06/11/2009 13:54:45] BUCAREST (AFP) Frappée par une des récessions les plus sévères de l’Union européenne (UE), la Roumanie a subi un nouveau coup vendredi avec la décision du FMI de conditionner le versement d’une troisième tranche de son prêt à la formation d’un nouveau gouvernement.

“Le FMI, l’UE et la Banque mondiale ont achevé leur mission sans faire de rapport, en posant comme condition pour la poursuite de l’évaluation la mise en place d’un gouvernement”, a déclaré le président roumain Traian Basescu après une rencontre avec une délégation du Fonds monétaire international.

La Roumanie attend en décembre une troisième tranche de 1,5 milliard d’euros dans le cadre d’une aide “anticrise” de 20 milliards d’euros accordée au printemps par le FMI, la Banque mondiale et l’UE en échange d’une réduction importantes des dépenses publiques.

L’incertitude politique autour du futur gouvernement risque cependant de se prolonger, le fossé entre le président Basescu et les partis d’opposition, majoritaires au Parlement, se creusant de jour en jour.

Vendredi, M. Basescu a nommé Liviu Negoita, un avocat de 47 ans, membre du Parti démocrate-libéral (PDL), comme Premier ministre, nouvelle tentative pour doter la Roumanie d’un gouvernement après l’éclatement de la coalition au pouvoir début octobre suivie par la chute de l’exécutif de centre-droit d’Emil Boc, le 13 octobre.

Le précédent Premier ministre désigné par M. Basescu, l’économiste Lucian Croitoru, a échoué mercredi à obtenir l’investiture du Parlement.

M. Negoita a appelé les partis à accepter un “gouvernement d’union nationale”.

Les deux principales formations d’opposition, sociaux-démocrates (PSD) et libéraux (PNL) ont cependant déjà rejeté cette offre.

“L’actuel président a annulé la dernière chance d’avoir un gouvernement stable avant les élections présidentielles”, a regretté le chef de file du PSD, Mircea Geoana.

L’opposition propose depuis le début de la crise la nomination d’un indépendant, le maire de la ville transylvanienne de Sibiu, Klaus Iohannis.

MM. Basescu, Geoana et le libéral Crin Antonescu sont rivaux pour la présidentielle dont le premier tour aura lieu le 22 novembre et le seconddeuxième le 6 décembre.

De son côté, le FMI a conditionné la poursuite de son aide à l’adoption d’un budget 2010 d’ici le 10 décembre et d’une loi fiscale.

La Roumanie devrait enregistrer une contraction de son économie de 8% en 2009, une des plus fortes de l’UE après celle des pays baltes et supérieure à ses voisins comme la Hongrie et la Bulgarie, selon les dernières prévisions de la Commission européenne.

“Le FMI a fait un rappel bienvenu à la réalité. Les hommes politiques roumains croyaient que l’on obtiendrait toujours de l’argent quoi qu’on fasse mais aujourd’hui le Fonds mets un peu plus la pression”, a déclaré à l’AFP le chef économiste de la banque ING en Roumanie, Nicolae Chidesciuc.

“C’est une bonne décision car le pays a besoin que les réformes soient faites”, a-t-il ajouté.