Le Crédit Agricole s’apprête à changer de direction

[09/11/2009 14:16:18] PARIS (AFP)

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çais Crédit Agricole (Photo : Bertrand Guay)

Remis sur les rails après une passe financière difficile, le Crédit Agricole s’apprête à changer de direction mardi, une annonce attendue depuis plusieurs mois, mais précipitée par des dissensions au sommet de la banque verte qui ont largement filtré à l’extérieur.

Depuis plusieurs semaines, la presse se fait l’écho du départ du directeur général Georges Pauget, de sa mésentente avec le président René Carron, ainsi que d’une certaine défiance des caisses régionales, qui contrôlent l’organe central du groupe.

Ces fuites répétées auraient incité les barons des caisses régionales à précipiter son remplacement par Jean-Paul Chifflet, qui devrait être officialisé mardi lors d’un conseil d’administration et prendre effet fin février.

“Il semble y avoir de la précipitation”, regrette un proche du dossier.

Régulièrement contesté depuis un an et demi, M. Pauget avait pourtant reçu le soutien du conseil d’administration en juillet 2008, alors que le groupe était fragilisé financièrement.

“Cela fait partie des guerres intestines qui secouent régulièrement notre belle maison”, ironise une source interne. Le départ de M. Carron, prévu pour la prochaine assemblée générale, a lui été planifié dans des conditions plus sereines.

La structure particulière du Crédit Agricole, avec les caisses régionales comme actionnaire principal (55% du capital environ), favorise les jeux politiques et les intrigues.

M. Chifflet est actuellement secrétaire général de la Fédération nationale du Crédit Agricole (FNCA), l’organe de représentation des caisses régionales.

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énéral du Crédit Agricole Georges Pauget, le 30 septembre 2009 à Gothenburg (Photo : Georges Gobet)

Selon un témoin, M. Chifflet a régulièrement critiqué la gestion de M. Pauget en conseil, se montrant même “agressif” à son endroit. Il aurait notamment “taclé” le directeur général sur les dérives de Calyon, la banque de marché du groupe, relève l’observateur.

Un administrateur rappelle pourtant le pilotage de la banque par M. Pauget “dans un contexte formidablement compliqué”, marqué par la crise financière. “On entend des choses un peu surprenantes” sur le bilan de M. Pauget, s’étonne un autre, pour qui “il s’agit certainement plutôt d’une histoire d’hommes”.

Arrivé à la tête du groupe fin 2005, M. Pauget a davantage hérité d’une stratégie qu’il ne l’a définie, avec le développement de l’internationalisation et des activités de marché, deux relais de croissance.

Il restera néanmoins l’homme de quelques acquisitions onéreuses, notamment la banque grecque Emporiki en 2006, devenue depuis un gouffre financier.

Mais M. Pauget aura su aussi trancher dans le vif alors que la banque encaissait de plein fouet la crise financière, victime d’investissements massifs aux Etats-Unis.

Dès le printemps 2008, il annonce une augmentation de capital, un recentrage de Calyon sur ses activités les moins risquées, un plan de rigueur et l’arrêt des acquisitions.

Un virage à 90 degrés qui sera pour beaucoup dans le rétablissement du Crédit Agricole. La banque ne connaîtra qu’un seul trimestre de pertes et sera l’une des rares à refuser une partie de l’aide de l’Etat. Elle publie mardi ses résultats trimestriels, attendus en hausse.

L’avènement de M. Chifflet devrait renforcer l’influence des caisses régionales.

“Les caisses régionales vont repasser de leur rôle de premier bailleur à celui de premier actionnaire”, estime Bernard Jolivet, président du syndicat Sneca-CGC.

Même son de cloche au syndicat FGA-CFDT, dont le secrétaire national Denis Longeron salue l’arrivée de “quelqu’un du sérail, qui connaît le Crédit Agricole”.