France : la production industrielle se redresse mais reste fragile, comme la croissance

[10/11/2009 17:00:30] PARIS (AFP)

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îne de fabrication à l’usine Renault de Sandouville, le 30 août 2007 (Photo : Robert François)

Placée sous perfusion par le plan de relance gouvernemental, la production industrielle française a certes progressé de 2,9% au troisième trimestre, un bon signe pour la croissance économique, mais paraît encore beaucoup trop faible pour soutenir à elle seule une reprise durable.

Sur l’ensemble du troisième trimestre 2009, la hausse de la seule production manufacturière atteint 3,3%, après +0,6% au trimestre précédent, se réjouissent les ministres de l’Economie et de l’Industrie Christine Lagarde et Christian Estrosi.

“C’est un rythme de croissance trimestriel équivalent à celui enregistré” au quatrième trimestre 1976, après le premier choc pétrolier, confirme Cyril Blesson, analyste chez Seeds Finance.

“Cette hausse trimestrielle record traduit une reprise dynamique de l’activité industrielle après une chute historique en début d’année”, poursuivent les ministres, qui “considèrent que la conjoncture industrielle s’améliore grâce aux effets des mesures du plan de relance, à la fin du déstockage et à l’amélioration du contexte international”.

Prudents, ils rappellent toutefois que “l’industrie française continue de traverser une période de crise”.

Le rebond du troisième trimestre “laisse toujours l’activité manufacturière près de 15,5% inférieure à son niveau de février 2008”, avant l’entrée de la France en récession, indique M. Blesson.

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évolution mensuelle depuis un an et par secteur

“Le chemin à parcourir pour regagner le terrain perdu pendant la crise reste encore très important”, résume l’économiste Alexander Law (Xerfi), qui reconnaît toutefois que “le bilan trimestriel pour l’industrie française est plutôt flatteur”.

Cette hausse de la production va en effet mécaniquement doper la progression du Produit intérieur brut (PIB) au troisième trimestre 2009, qui devrait avoisiner 0,7%, selon l’économiste Marc Touati (Global Equities). L’Insee, qui doit publier vendredi ses premières estimations sur la croissance au troisième trimestre, prévoyait dans sa dernière note de conjoncture une hausse du PIB de 0,5%.

Malgré cette performance du troisième trimestre, la production industrielle a accusé le coup en septembre, enregistrant sa première baisse depuis avril (-1,5%).

Un recul qui touche la majorité des secteurs de production: -3,4% pour les biens d’investissement et -3,3% pour les biens de consommation durable.

“Il s’agit d’une baisse normale après quatre mois de progression”, tempère Alexander Law, qui juge toutefois inquiétant “l’accès de faiblesse enregistré en septembre dans l’automobile” (-7,9%). Car c’est ce secteur qui a tiré l’ensemble de la production française (+20,7% au 3ème trimestre) grâce à “la prime à la casse”.

Cette contre-performance montre “que la reprise reste fragile” en France, note M. Touati. Il a appelé le Premier ministre François Fillon, qui a affirmé lundi que la croissance pourrait atteindre 1,5% en 2010, le double de la prévision du gouvernement dans son projet de budget, à ne pas crier victoire trop vite.

Malgré le retour annoncé de la croissance, les industriels français continuent en effet d’être très pessimistes. Ils prévoient toujours une baisse record de leurs investissements cette année (-22%), selon une enquête de l’Insee publiée mardi.

Jugeant les incertitudes encore trop élevées, notamment sur la demande, ils prévoient même une nouvelle baisse de leurs investissements en 2010 (-3%).

“Cela confirme que l’industrie n’a pas les reins assez solides pour soutenir une croissance française qui reste particulièrement fragile”, conclut M. Law.