L’UE émet des objections au rachat de Sun Microsystems par Oracle

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ésident de Sun Microsystems, Scott McNealy, le 11 octobre 2009 à San Francisco (Photo : Justin Sullivan)

[10/11/2009 13:40:49] NEW YORK (AFP) Sun Microsystems, le propriétaire du langage de programmation Java, a annoncé lundi que son projet de rachat par l’éditeur de logiciels professionnels Oracle avait suscité des objections “préliminaires” de la Commission européenne.

La Commission, gendarme de la concurrence en Europe, a le pouvoir d’interdire l’opération.

Les objections de Bruxelles portent “uniquement sur” le marché des bases de données, a indiqué Sun dans une communication aux autorités boursières américaines, précisant que cela ne préjugeait pas d’une décision finale.

Sans confirmer l’envoi d’une “communication de griefs” officielle, un porte-parole de la Commission a rappelé que ce type de documents visait à “souligner précisément où elle avait des inquiétudes” et donnait à la société concernée “une grande chance d’y remédier”.

Bruxelles a “une obligation d’examiner très soigneusement les effets sur la concurrence sur le marché des bases de données si Oracle détenait MySQL”, le système de Sun.

Et de rappeler que MySQL était “une force concurrentielle extrêmement forte en ce moment sur le marché des bases de données” et “le principal fournisseur de bases de données open-source”, dont le code source est libre, par opposition à Oracle qui est leader pour celles à code propriétaire.

Oracle a affirmé que la transaction “ne menace pas le moins du monde la concurrence” et promis de “vigoureusement” présenter ses arguments, la jurisprudence en faveur de l’opération étant selon lui “écrasante”.

Les autorités américaines, dans un communiqué au ton plus diplomatique, ont rappelé qu’elles avaient déjà donné leur aval à la fusion, en août.

“Nous espérons toujours que les parties et la Commission vont rapidement trouver un accord qui sera bénéfique pour les consommateurs”, a souligné le ministère de la Justice, insistant sur sa “relation forte et positive en matière de concurrence” avec la Commission européenne.

Le porte-parole de Bruxelles a jugé “inhabituel” la réaction du ministère, soulignant “n’avoir mémoire d’aucun cas où la Commission européenne avait émis un communiqué concernant une enquête en cours dans une autre juridiction”.

“Nous n’avons pas forcément les mêmes preuves devant nous”, a-t-il ajouté, affirmant que Bruxelles avait reçu “toute une série de plaintes de clients” de Sun et Oracle.

La dernière fois que la Commission, gardienne de la concurrence en Europe, avait bloqué une fusion autorisée aux Etats-Unis remonte à 2001, lorsque General Electric avait voulu racheter Honeywell.

Convoité par IBM, Sun avait finalement accepté en avril de se faire racheter par Oracle. La transaction de 7,4 milliards de dollars devait être bouclée avant l’été.

Le mois dernier, Sun avait annoncé 3.000 suppressions d’emplois sur 12 mois, les justifiant par les retards pris par sa fusion avec Oracle.

Selon Oracle, le marché des bases de données est “intensément concurrentiel, avec au moins huit grands acteurs”, citant notamment Sybase.

“Oracle et MySQL sont des produits très différents. Il n’y a aucun fondement en droit européen pour poser des objections à la fusion de deux parmi huit sociétés vendant des produits différenciés”, fait valoir le groupe californien.

“Les clients de Sun soutiennent tous la fusion et ne bénéficient pas de la persistance de l’incertitude (sur sa réalisation) et les retards”, s’est encore impatienté Oracle.

“Vu l’absence de toute théorie crédible ou de preuve d’entrave à la concurrence, nous sommes confiants dans nos chances de finir par obtenir un aval inconditionnel pour la réalisation de cette transaction”, a conclu Oracle.