Pas facile, les affaires en Algérie
Par Élisabeth BUREAU
À Nantes, des patrons qui travaillent avec ce pays s’épaulent au sein d’un club.
«Près de deux ans pour être payé d’un marché public ? J’ai vécu cela en Algérie
!»Le Nantais Pascal Mounier dirige la société d’ingénierie Ceris, à
Saint-Herblain. En 2005, il a installé, en Algérie, où il participe à la
construction d’hôpitaux, sa première filiale à l’étranger.
«Une population jeune, un pays vaste et en développement, le potentiel est
immense, reconnaît-il, mais nous nous demandons tous les jours pourquoi nous y
sommes venus, tant les affaires prennent des tournures inattendues !»
Des paiements en liquide
En 1994, le FMI a échelonné la dette du pays en échange de l’ouverture du
marché. Sur le terrain, cela ne suit pas. La jungle administrative et financière
favorise les dérapages. «Tout et n’importe quoi -dont beaucoup de contrefaçons-
s’importe et se vend», constate Ahmed Tibaoui, directeur du World Trade Center
d’Alger.
Un autre Nantais, Georges Amiand, a franchi la Méditerranée, en 2000, avec Idena,
sa société de Sautron, pour vendre son savoir-faire dans la nutrition animale.
Une entreprise 100% de droit algérien et vingt personnes, à Blida, au sud
d’Alger. «Il faut se battre sur tout. Notamment avec l’administration». Et
puis«dans l’élevage, tout est payé en liquide !»C’est pour tout cela que Pascal
Mounier a lancé un club Algérie à la CCI de Nantes, avec une vingtaine de PME.
D’autant que, depuis quelques mois, le pays s’emploie à limiter ses
importations. Plus possible, par exemple, d’y faire entrer du matériel
d’occasion. «Comment expédier une nouvelle mélangeuse dans notre usine de Blida
?s’interroge Georges Amiand. En France, nous achetons ce matériel d’occasion,
mais révisé».