Un ordinateur portable (Photo : Justin Sullivan) |
[12/11/2009 07:37:24] PARIS (AFP) Des armoires Louis XV aux chaussettes de bébé en passant par les billets de train: les sites internet de vente entre particuliers regorgent d’objets hétéroclites et témoignent de l’engouement des Français pour le marché de l’occasion.
Selon une étude réalisée par l’institut OpinionWay pour PriceMinister/La Poste, six internautes français sur dix ont acheté ou vendu au moins un objet à des particuliers sur le web au cours des douze derniers mois, contre 56% en 2008.
Internet a ainsi supplanté les vide-greniers et autres brocantes pour la vente d’objets d’occasion et les sites de commerce entre particuliers ont vu le nombre de leurs fidèles exploser et les petites annonces se multiplier.
“Nous assistons avec la crise à la banalisation du commerce entre particuliers, qui séduit maintenant des catégories de population auparavant frileuses comme les femmes, les provinciaux, les 50-65 ans et les inactifs”, explique Pierre Kosciusko-Morizet, patron du site PriceMinister, qui a vu le nombre de ses annonces en ligne doubler en un an (130 millions fin 2009).
Même constat pour son concurrent, Le boncoin, qui comptait près de 3 millions d’annonces fin 2008 et en affiche plus de 8 millions un an plus tard. Quant à ebay, qui a mis en place depuis juillet une partie “petites annonces” sur son site d’enchères pour répondre à une “demande croissante des internautes”, il dit en avoir mis en ligne plus de 600.000.
Surfant sur cette vague, d’autres groupes investissent le créneau, comme la Fnac qui a lancé en septembre sa plate-forme d’occasion pour les particuliers.
Depuis des années, “nous avons des consommateurs qui ont le sentiment de manquer de pouvoir d’achat alors qu’ils ont un fort vouloir d’achat”, explique Franck Lehuédé, du département consommation du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc).
“La crise n’est qu’un catalyseur”, estime-t-il, et le développement du secteur de l’occasion répond à une tendance de fond, notamment des préoccupations écologiques. Avant même le prix, la principale raison évoquée en effet par les internautes pour vendre ou acheter sur le web est que cela réduit le gaspillage et donne une “seconde vie” aux produits.
“De plus en plus de nos internautes nous expliquent qu’avant ils mettaient leurs vieux objets sur le trottoir, mais qu’aujourd’hui ils ont pris le réflexe de poser une annonce sur le net”, confirme Olivier Aizac, directeur délégué du boncoin.
Les Français n’hésitent donc plus à mettre en vente les objets les plus divers, y compris de petits produits: ainsi les vêtements, les livres et les jeux vidéos ont le vent en poupe ces derniers mois.
Sur les sites, le panier moyen est donc en baisse et certains sites ont même vu les demandes de troc décoller.
“Je pense que l’on n’a pas fini de voir se développer” le marché de l’occasion, prédit Franck Lehuédé. “Cela s’accentuera même après la crise (…) car 70% des Français pensent aujourd’hui qu’il est plus important de pouvoir utiliser un objet pendant un temps que de le conserver”. D’autant qu’avec les avancées technologiques, certains produits sont de plus en plus vite dépassés.