Le FMI impuissant face au désordre à la cour du roi dollar

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Un changeur compte une liasse de billets de cent dollars (Photo : Bay Ismoyo)

[13/11/2009 14:07:17] WASHINGTON (AFP) Le Fonds monétaire international, chargé depuis plus de 60 ans de coordonner le système monétaire de la planète, apparaît bien impuissant face au désordre actuel où prime un dollar qui inspire de plus en plus de méfiance.

Les regards sont pourtant tournés vers lui, seule institution à avoir la légitimité de proposer un nouveau système.

Après la Chine, qui avait appelé en mars à instituer une nouvelle monnaie de réserve mondiale, la Russie estime qu’il faut repenser le statut du billet vert.

Le président français Nicolas Sarkozy plaide pour “un monde multimonétaire”, tandis que des alliés des Etats-Unis, comme le Japon ou l’Allemagne, considèrent que le système actuel est le mieux adapté jusqu’à preuve du contraire.

Environ deux tiers des réserves en devises des Etats sont libellées en dollars, chiffre qui a eu tendance à croître avec la crise mondiale, et 90% des transactions sur le marché des changes consistent à vendre ou acheter des dollars.

Dans le débat entre ses Etats membres, le FMI n’a pas pris partie. Il joue un rôle d’observateur, pointant aux pays du G20 les problèmes de la sous-évaluation du yuan chinois et de l’utilisation du dollar comme support au “carry trade”, la spéculation qui consiste à emprunter dans une monnaie à faible taux d’intérêt pour investir dans une autre à meilleur rendement.

De même qu’il n’avait pas eu son mot à dire quand le président américain Richard Nixon avait mis fin en 1971 au système de l’étalon-or et des parités fixes, le Fonds n’a pas le pouvoir d’imposer un système plus équilibré.

Un verdict sévère est venu de l’intérieur même de la maison.

D’après un rapport publié mercredi et signé par trois de ses économistes, dont le point de vue “ne doit pas être attribué au FMI”, le monde vit avec un “non-système” monétaire qui, “en dépit de sa relativité stabilité”, présente de graves “faiblesses”.

Parce que le monde entier veut des billets verts, ou du moins achète des actifs financiers en dollars, le fait de s’endetter pour les Etats-Unis est tout à fait naturel, reconnaissent les trois économistes.

Les problèmes sont venus des proportions incontrôlables qu’a atteint la dette des Etats-Unis, de l’effritement du dollar face aux monnaies des pays émergents et donc de la baisse de la valeur des réserves.

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énéral du FMI Dominique Strauss-Kahn, le 20 septembre 2007 à Washington (Photo : Mandel Ngan)

Les cours du billet vert reflètent aujourd’hui “sa valeur internationale la plus faible depuis 1967” et “il est assurément possible que le dollar puisse bientôt baisser davantage”, s’inquiétait jeudi dans le New York Times l’ancien économiste en chef du FMI, Simon Johnson.

Mais pour un pays qui veut diversifier ses avoirs, le choix est mince. L’euro, le yen, la livre, le yuan séduisent peu. L’or est disponible en quantité limitée.

Enfin, les Droits de tirage spéciaux, une unité monétaire créée par le FMI en 1969 et dont la valeur fluctue en fonction du cours de quatre monnaies, ont l’inconvénient de n’acheter pratiquement que… des dollars.

“Remplacer le rôle du dollar américain par les DTS, ce qui est quelque chose d’intéressant à discuter, à mon avis ne se concrétisera pas dans les deux prochains jours”, expliquait le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, fin octobre à Oslo.

Les trois économistes du FMI trouvent pour leur part que le plus réaliste est encore de chercher à convaincre les Etats de ne plus accumuler des montagnes de réserves, automatiquement en dollars.