Restructurations après la crise : Dexia tente d’amadouer Bruxelles

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à Paris (Photo : Eric Piermont)

[13/11/2009 16:11:53] BRUXELLES (AFP) La banque franco-belge Dexia tente de convaincre la Commission européenne qu’elle s’est déjà assez restructurée pour compenser les aides publiques reçues pendant la crise, alors qu’une à une ses concurrentes sont forcées à réduire drastiquement la voilure.

L’administrateur délégué de Dexia, Pierre Mariani, a insisté vendredi sur “l’ampleur des mesures de restructuration mises en oeuvre depuis novembre 2008”, lors de la présentation des résultats du troisième trimestre.

Ménage dans le portefeuille obligataire, arrêt des activités de marché les plus risquées, cession de la filiale américaine à problèmes FSA, des participations dans KommunalKredit Austria et Crédit du Nord… “L’ensemble de ces mesures fournit un cadre tout à fait significatif et montre d’ores et déjà l’ampleur des efforts accomplis”, a affirmé M. Mariani.

Ces commentaires sont clairement destinés à la Commission européenne, qui exige de Dexia une restructuration pour compenser les aides d’Etat qui lui ont évité la faillite l’an dernier.

La gardienne de la concurrence en Europe, qui doute que les mesures que lui a soumis Dexia soient suffisantes, a ouvert une enquête depuis maintenant huit mois.

Le délai semble d’autant plus long que le concurrent belge KBC, également bénéficiaire d’aides publiques massives, a annoncé vendredi être en “phase finale” de ses négociations avec Bruxelles.

KBC vise un accord définitif “début décembre au plus tard”, soit deux mois à peine après la transmission d’un projet de restructuration à Bruxelles.

Dexia en revanche a beau parler de négociations “constructives”, la seule échéance connue est fin février, avec l’expiration du feu vert provisoire de Bruxelles à une garantie des Etats belge, français et luxembourgeois.

Un porte-parole de la Commission, Jonathan Todd, a refusé vendredi de commenter l’état des négociations et toute “spéculation prématurée”, mais reconnu: “on est plus proche d’une solution avec KBC qu’avec Dexia”.

Tirant les leçons de la crise, Bruxelles a entrepris de faire disparaître les banques “trop grosses pour tomber”, que les gouvernements avaient dû aider l’an dernier pour éviter l’effondrement de tout le système financier.

L’annonce de la scission du bancassureur ING, qui va abandonner ses activités d’assurance sous pression de Bruxelles, a été un électrochoc. Mais l’allemande Commerzbank doit aussi réduire son bilan de 45%, et un dixième du secteur britannique de la banque de détail est mis en vente par Lloyds et Royal Bank of Scotland.

Pierre Mariani assure que les mesures déjà annoncées par Dexia vont diminuer son bilan de plus de 30%, mais que la réduction dépasse 55% “si on raisonne sur l’ensemble du risque de crédit supporté par le groupe”, selon lui “un meilleur critère”.

L’argument ne convaincra toutefois pas forcément Bruxelles.

Dexia a dû démentir jeudi des informations du Wall Street Journal affirmant qu’elle pourrait être forcée de vendre tout ou partie de sa division de financement des collectivités en France (Crédit Local de France).

“Le conseil d’administration a réaffirmé son souci que l’unité du groupe soit préservée”, a insisté vendredi Pierre Mariani.

Et il a reçu le soutien de la caisse des dépôts et consignations (CDC), bras armé financier de l’Etat français et premier actionnaire de Dexia avec 17,6%.

“Je serai très attentif à ce que les exigences de la Commission européenne vis-à-vis de Dexia ne pénalisent pas ses actionnaires, qui ont toujours pris leurs responsabilités”, a indiqué vendredi Augustin de Romanet, directeur général de la CDC, au quotidien français Les Echos.