à Paris (Photo : Jack Guez) |
[16/11/2009 19:33:00] NANTERRE (AFP) L’ex-PDG de Vinci, Antoine Zacharias, a été cité à comparaître par le parquet de Nanterre pour “abus de biens sociaux”, après une enquête sur les conditions de sa rémunération lui ayant permis de dégager de confortables plus-values avant son départ du groupe, a-t-on appris lundi de source judiciaire.
“Antoine Zacharias a été cité au tribunal en sa qualité d’ex-président de Vinci, pour abus de biens sociaux en 2004, 2005 et 2006”, a déclaré à l’AFP une source judiciaire.
La date du procès, devant le tribunal correctionnel de Nanterre, n’a pas été fixée.
Selon la source judiciaire, la citation délivrée par le parquet porte notamment sur des plans de stock options successifs dont a bénéficié M. Zacharias, en 2004, 2005 et 2006, et “dont la plus value potentielle au 1er juin 2006 a été estimée à 92,4 millions d’euros”.
Forcé à la démission le 1er juin 2006 sous la pression du conseil d’administration du groupe de BTP et de concessions autoroutières, M. Zacharias avait aussi touché une indemnité de départ s’élevant à 12,870 millions d’euros.
A l’époque, le directeur général du groupe, Xavier Huillard, avait dénoncé dans une lettre au conseil d’administration de Vinci le salaire “très élevé” et les “millions de stock-options” dont avait bénéficié l’ex-PDG.
Courant juin 2006, des actionnaires de Vinci avaient déposé plainte à Nanterre pour “abus de biens sociaux”. Le parquet de Nanterre avait ouvert une enquête préliminaire, confiée à la brigade financière qui avait entendu Antoine Zacharias le 9 avril dernier.
Outre les plans de stock options, il est également reproché à Antoine Zacharias d’avoir fait modifier en 2004 la composition du comité de rémunération de Vinci dans un sens plus docile, ce qui aurait abouti à une modification de la part variable de son salaire.
Le parquet estime à plus de 3,3 millions d’euros en 2004 et plus de 4,2 millions d’euros en 2005 les salaires supplémentaires touchés par M. Zacharias grâce à cette modification, selon la source judiciaire.
Pour l’accusation, ce changement de calcul aurait également permis d’atteindre la valeur de près de 13 millions d’euros pour l’indemnité de départ, ainsi qu’un montant annuel de retraite de 2,14 millions d’euros, a précisé la source judiciaire.
Contacté par l’AFP, l’avocat de M. Zacharias a affirmé qu’il n’avait pas été informé de la citation au tribunal.
“Je trouve totalement aberrant au plan juridique de citer M. Zacharias seul devant le tribunal dans cette affaire, sans passer par l’ouverture d’une information judiciaire” confiée à un juge d’instruction, a-t-il cependant réagi.
“Je suis choqué et stupéfait. Cela illustre bien la dérive à venir”, a-t-il ajouté.
Le groupe Vinci n’a pas souhaité faire de commentaire.
Après son départ du groupe, Antoine Zacharias avait estimé avoir été privé d’une partie de ses stock options. Il avait assigné son ancienne entreprise en justice pour obtenir 81 millions d’euros supplémentaires, mais il a été débouté par le tribunal de commerce de Nanterre puis par la cour d’appel de Versailles.