Affaire des retraits de l’UIMM : les policiers perquisitionnent quatre syndicats

[18/11/2009 14:05:59] PARIS (AFP)

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à Paris à l’issue d’une perquisition au siège de l’Unef (Photo : Miguel Medina)

L’affaire des retraits suspects des caisses de l’Union des Industries et Métiers de la Métallurgie (UIMM) a connu mercredi un nouveau rebondissement avec les perquisitions de quatre syndicats soupçonnés d’avoir bénéficié des largesses du patronat de la métallurgie.

Les sièges parisiens des fédérations de la métallurgie de FO, de la CFDT, de la CGC et de la CFTC figuraient parmi les objectifs des enquêteurs de la brigade financière et du juge chargé du dossier Roger Le Loire, selon des sources proches de l’enquête. Le siège de la confédération CFTC était lui aussi visé par une perquisition.

Ouverte fin 2007, l’enquête du juge Le Loire vise à connaître la destination de 16,5 millions d’euros retirés en liquide entre 2000 et 2007 des caisses de l’UIMM sous l’autorité de son ancien président et directeur général Denis Gautier-Sauvagnac (DGS).

S’ils n’excluent pas qu’une partie ait pu servir à des financements politiques occultes, les enquêteurs privilégient la piste d’un financement de syndicats.

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ésident de la CFTC Jacques Voisin à l’Elysée le 1 juillet 2009. (Photo : Gerard Cerles)

“J’ai découvert cela (la perquisition) ce matin, en arrivant à 8H30. J’étais quand même un peu surpris”, a affirmé à l’AFP Jacques Voisin, président de la CFTC, précisant que les enquêteurs se trouvaient “actuellement, dans (son) bureau et dans (ceux de son) secrétariat”. “Allons au bout! La vérité doit être dite sur cette affaire”, a-t-il ajouté, déclarant n’avoir “rien à (se) reprocher, il n’y a rien qui ne soit pas transparent et clair dans cette affaire”.

Le président du syndicat CFE-CGC, ancien patron de sa branche métallurgie, Bernard Van Craeynest, s’est dit “tout à fait serein”. “Cela fait des mois qu’on nous annonce qu’on va venir nous voir, c’est aujourd’hui”, a-t-il déclaré à l’AFP, précisant ne pas avoir “d’inquiétudes particulières”.

Un mois et demi après avoir perquisitionné plusieurs syndicats étudiants, les enquêteurs cherchent cette fois à déterminer si FO, la CFTC, la CFDT et la CGC ont bénéficié, et dans quelle mesure, de largesses indues du patronat de la métallurgie sous forme de versements en liquide ou de chèques. Ils cherchent notamment à déterminer si ces fonds proviennent d’une caisse de secours mutuel de l’UIMM créée en 1972, l’Epim. Sa vocation était de soutenir les entreprises adhérentes ayant subi des préjudices lors de conflits sociaux.

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ésidente du Medef Laurence Parisot et l’ancien président de l’UIMM Denis Gautier-Sauvagnac le 30 mai 2007 à ‘Elysée (Photo : Eric Feferberg)

La question est de savoir si des fonds de l’Epim versés à des syndicats correspondent à son objet social ou sont susceptibles de constituer un abus de confiance, a-t-on confié de source proche de l’enquête.

Les policiers ont ainsi retrouvé la trace de quelques dizaines de milliers d’euros versés par l’UIMM à trois des quatre syndicats visés par les perquisitions, et de quelques centaines de milliers d’euros versés à la CFTC.

En octobre 2008, le président de la CFTC Métallurgie Joseph Crespo avait indiqué avoir reçu en septembre 2003 un chèque de 69.000 euros de l’UIMM destiné à la confédération. Une somme destinée, selon Jacques Voisin, à financer des “opérations sur le dialogue social”, dont les universités d’été de 2002 et 2003.

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à Paris de l’ancien président de l’Union patronale de la métallurgie (UIMM) (Photo : Mehdi Fedouach)

Pour autant, les syndicats contestent fermement avoir été financés par le patronat de la métallurgie, organe le plus puissant du CNPF, puis du Medef.

A FO Métaux, un secrétaire fédéral, Hervé Périer, a affirmé mercredi: “On ne reçoit pas d’argent et n’en donne pas non plus”.

Mis en examen dans le dossier, Denis Gautier-Sauvagnac, lui, se borne à indiquer qu’il procédait à des “remises de fonds aux représentants des organismes participant à la vie sociale de notre pays”.