ésentant des effets de lumière sur des fibres optiques |
[19/11/2009 16:40:41] PARIS (AFP) La création d’une Agence publique pour le numérique est le point central d’une enveloppe de 4 milliards d’euros consacrée par le grand emprunt aux nouvelles technologies, dont la moitié sera dédiée au déploiement de la fibre optique.
L’Agence aura pour but de “co-investir dans l’économie numérique” en cherchant systématiquement à partager les frais avec des sociétés, des collectivités territoriales ou l’Union européenne.
Une manière, selon la commission Rocard-Juppé, de rattraper le “retard” de la France en matière de débit internet, de logiciels ou d’utilisation des technologies en entreprise.
Septième et dernier axe de l’emprunt, le numérique récolte 11% de la somme totale (35 milliards).
Un montant bien inférieur à celui évoqué en septembre, lors d’un séminaire interministériel, pour couvrir en très haut débit 100% de la population: pouvoirs publics et professionnels estimaient qu’il faudrait entre 20 et 40 milliards d’euros sur 10 ans.
L’internet ultra-rapide est pourtant l’axe majeur du volet numérique du grand emprunt, le rapport reconnaissant que “les financements privés sont insuffisants” pour son déploiement, surtout dans les zones rurales. Un fonds spécial de deux milliards lui sera consacré dans l’Agence pour le numérique.
C’est le double de ce que demandait le ministre de l’Aménagement du territoire Michel Mercier, tandis que la secrétaire d’Etat à l’Economie numérique Nathalie Kosciusko-Morizet espérait “trois à cinq milliards pour la fibre optique”. Mais “les deux milliards vont nous servir d’effet de levier”, a estimé jeudi cette dernière.
Cet apport survient en plein débat sur le déploiement du très haut débit, France Télécom prônant, contrairement à ses concurrents, la pose d’une fibre par logement, solution qu’il juge 40% moins chère.
L’Arcep, autorité de régulation des télécoms, souhaite que tous les opérateurs puissent installer leur fibre pour favoriser la concurrence. Depuis, l’opérateur historique gèle ses investissements.
Saluant un “signal fort”, le président de l’Arcep Jean-Ludovic Silicani a rappelé que “le numérique avait disparu un moment (du grand emprunt), c’est une bonne surprise qu’il revienne”, avec un montant “pas négligeable”.
Contacté, un porte-parole de SFR a souligné que l’emprunt “va permettre un effet de levier dans le cadre des investissements consacrés au déploiement de la fibre” même s’il faut “un cadre réglementaire fort qui favorisera la mutualisation et le co-investissement”.
“C’est une bonne nouvelle”, a réagi Maxime Lombardini, directeur général d’Iliad (Free), rappelant lui aussi qu'”il est primordial de n’aider que le développement d’infrastructures mutualisées et ouvertes”.
Sur les deux milliards alloués à la fibre, “on peut imaginer que c’est petit, si on considère que c’est aux pouvoirs publics de financer entièrement le très haut débit, mais il n’en est pas du tout question”, estime Yves Le Mouël, directeur général de la Fédération française des télécoms.
Deuxième priorité dans le numérique, la conception d’usages et de contenus numériques innovants grâce aux deux milliards restants. Il s’agit notamment d’améliorer, grâce aux technologies, les réseaux de transport ou d’électricité, de développer l’e-santé et de numériser le patrimoine culturel.
“Par rapport aux propositions que nous avions faites, quatre milliards peut paraître décevant, mais de l’investissement dans le numérique, on en trouve partout dans les 35 milliards”, a noté Jean Mounet, président du syndicat professionnel Syntec informatique, citant la création de formations au numérique dans les universités ou l’informatique embarquée dans les voitures.