L’ex-patron de Vivendi, Jean-Marie Messier, quitte le tribunal de Manhattan, le 5 octobre 2009. (Photo : Don Emmert) |
[20/11/2009 06:49:56] NEW YORK (AFP) Jean-Marie Messier est attendu à la barre vendredi au procès en nom collectif intenté par des actionnaires l’accusant de les avoir ruinés entre 2000 et 2002 en vantant les performances du groupe Vivendi Universal qu’il dirigeait alors.
Un temps envisagé en début de semaine, le début du témoignage de Jean-Marie Messier n’a cessé d’être repoussé, et jeudi tout semblait indiquer qu’il serait cité à comparaître à partir de vendredi, pour environ quatre jours.
Avant lui, les avocats des plaignants ont longuement interrogé leur expert Blaine Nye, qui a fourni un rapport détaillé sur la surévaluation de l’action Vivendi due à la communication financière officielle du groupe.
Ce témoignage, qui devrait être décisif pour le calcul d’éventuels dommages et intérêts, a également donné lieu à un long contre-interrogatoire des avocats du groupe Vivendi, principal accusé dans ce procès, ainsi que de ceux de M. Messier et de Guillaume Hannezo, qui fut son directeur financier et son bras droit à la tête de Vivendi Universal.
Sur la base du rapport de M. Nye, “le jour du verdict, je pense qu’on aura un ordre de grandeur” d’éventuels dommages et intérêts qui pourraient être décidés par le jury populaire, a déclaré à l’AFP Maxime Delespaul, l’avocat français des plaignants.
ès de l’ancien patron de Vivendi, Jean-Marie Messier (2e D), le 6 octobre 2009 à New York (Photo : Shirley Shepard) |
Ce procès est très rare dans les annales américaines, alors que généralement les plaintes d’actionnaires mécontents se soldent dans des accords amiables.
L’hypothèse d’une transaction à deux milliards de dollars pour solder le litige à l’amiable avait été évoquée par certains, mais un verdict de culpabilité pourrait être bien plus coûteux si M. Messier et Vivendi ne parvenaient pas à convaincre le jury que des actionnaires vigilants avaient toujours eu accès à des informations justes et détaillées sur l’état des finances du groupe.
Six semaines après le début de ce procès fleuve, M. Messier sera le premier témoin cité par la défense de Vivendi, plus de sept ans après son départ du groupe.
Avant lui, l’ex-directeur financier Guillaume Hannezo s’est défendu d’avoir publié des comptes trompeurs, alors que ses communications internes révélaient ses inquiétudes croissantes face à la politique d’expansion décidée par M. Messier, mais il a concédé que son patron avait “sous-estimé” le problème que représentait l’endettement colossal du groupe.
A l’époque, entre 2000 et 2002, M. Messier déclarait: “nous n’avons pas besoin de cash, nous n’avons pas de problème de dette” – alors même qu’il transformait le groupe de services Générale des Eaux en une multinationale des médias à coup d’acquisitions et d’alliances coûteuses.
Après M. Messier, la défense fera comparaître l’actuel président du conseil de surveillance de Vivendi, Jean-René Fourtou, appelé à la rescousse en juillet 2002 pour remplacer M. Messier et consolider un groupe au bord du gouffre, ainsi que plusieurs autres responsables de l’équipe financière de Vivendi Universal et divers experts.
Plusieurs procédures se déroulent en parallèle à Paris: mercredi, Vivendi tentera de convaincre le Tribunal de grande instance d’enjoindre aux actionnaires français de se désister de ces poursuites en nom collectif – un enjeu important, dans la mesure où si les actionnaires français n’étaient plus concernés par le procès new-yorkais, d’éventuels dommages et intérêts pourraient être automatiquement réduits de 60%.
Par ailleurs, MM. Messier et Hannezo et cinq autres anciens hauts responsables du groupe devraient être prochainement jugés en correctionnelle à Paris.