Exposition : des “tissus intelligents” à Lyon, entre mode et art

photo_1258718583259-1-1.jpg
çaise Sophie Mallebranche au Musée des tissus de Lyon, le 20 novembre 2009 (Photo : Philippe Desmazes)

[20/11/2009 12:05:27] LYON (AFP) Une robe aux plis “hypersensibles”, un manteau qui protège de la pollution, un pan de tissu qui diffuse de la musique… Le musée des tissus de Lyon expose des textiles “intelligents”, entre mode et art.

Organisée dans le cadre de la Biennale d’art contemporain, cette exposition temporaire, baptisée “Le tissu dans tous ses sens”, a ouvert ses portes au public vendredi et se poursuit jusqu’au 21 février 2010. Elle met à l’honneur douze créateurs, venus de France, du Canada, de Finlande ou d’Allemagne.

“Ces tissus techniques et fonctionnels sont entrés dans la mode il y a une dizaine d’années, à titre plutôt anecdotique. Mais à présent, ils dépassent ce côté gadget”, souligne la directrice du musée, Maria-Anne Privat-Savigny, évoquant ces tissus nouvelle génération, dits “communicants”, qui réagissent à la lumière, à la chaleur ou au frottement.

“La technologie s’adapte désormais aux vêtements et ces matières vont devenir partie prenante de la mode à venir”, affirme Mme Privat-Savigny, citant les créations avant-gardistes de Ted Lapidus, Paco Rabanne ou Jean-Charles de Castelbajac.

Pionnière en la matière, la créatrice Elisabeth de Senneville occupe une place à part: dès 1981, elle imagine une collection en plastique soudé, un textile utilisé par la Nasa. En 1999, elle récidive avec des vêtements en lin soudé, à base de micro-capsules et de fibres optiques tissées.

“Compte tenu de sa modernité, il était indispensable qu’elle figure au catalogue de l’exposition”, explique Mme Privat-Savigny.

photo_1258718619572-1-1.jpg
éalisés en fibre optique au Musée des tissus de Lyon, le 20 novembre 2009 (Photo : Eric Feferberg)

Quatre vêtements de la styliste sont exposés: un “manteau antipollution” aux motifs nuageux qui barre la route aux poussières et aux microbes, une “robe de moto” orange en néoprène perforé, matière habituellement utilisée dans les combinaisons de plongée, un “manteau en lin et fibres optiques tissées” ainsi qu’une veste “anti-magnétique” censée permettre de contrer les ondes nuisibles.

Les trois robes de la série “Walking city” de la Canadienne Ying Gao, dont les plis en tissu blanc rappellent l’art de l’origami japonais, dissimulent quant à elles des micro-capteurs sensibles aux sons et aux mouvements.

A l’approche d’un spectateur, le tissu gonfle et les plis s’animent, la robe se transformant en véritable “organisme vivant”.

Dans la même veine, Pietro Seminelli, spécialiste du plissé, voit le vêtement comme une “seconde peau, une parure défensive, voire une armure”, utilisant des teintures virant au bronze pour ses oeuvres, poétiquement intitulées “Sous les cieux” et “Reflets de lune”.

Autre pionnière, exposée dans le monde entier, la Finlandaise Maija Lavonen, qui tisse depuis des décennies fibres optiques et lin pour créer des “sculptures lumineuses”.

Florence Bost imagine pour sa part les “Murmures” des poissons, faits d’un tissu intégrant des micro haut-parleurs, une puce MP3 et un fil électro-luminescent, tandis que Brigitte Amarger dessine des “voiles de mariées” aériens alliant colle, micro-billes de verre et perles nacrées.