ésident du Sud-Soudan, Salva Kiir, le 17 novembre 2009 à Paris (Photo : Georges Gobet) |
[20/11/2009 17:09:56] PARIS (AFP) Le Sud-Soudan reçoit “moins de 25%” des royalties du pétrole extrait sur son territoire contrairement aux 50% prévus dans l’accord de paix ayant mis fin en 2005 à plus de deux décennies de guerre avec le Nord, a affirmé vendredi son président Salva Kiir.
“Nous recevons moins des 25% (de l’argent) du pétrole” au lieu des 50% “que nous étions censés recevoir” dans le cadre de l’accord de paix globale (CPA), a dit à Paris le président du Sud-Soudan semi-autonome et vice-président du Soudan, lors d’une rencontre informelle avec des intellectuels français.
Le Sud “se plaint du manque de transparence dans le partage des revenus pétroliers”, a-t-il ajouté en présence de diplomates soudanais et français.
Le Soudan produit actuellement 465.000 barils par jour dans des champs pétrolifères situés principalement dans le sud et à la frontière nord/sud.
L’accord de paix global, ayant mis fin à 22 années de guerre civile à l’origine de deux millions de morts, prévoit une répartition équitable des royalties entre le nord et le sud sur le pétrole pompé dans le Sud-Soudan et des zones contestées à la lisière du nord et du sud.
Dans un rapport publié en septembre dernier, l’ONG britannique Global Witness soutient que les données du gouvernement soudanais sur la production d’or noir au Sud-Soudan ne correspondent pas à celles des entreprises pétrolières sur place.
La production pétrolière établie par les autorités soudanaises pour l’année 2007 était ainsi entre 9% et 14% plus basse que celle calculée à partir des données de l’industrie, assure Global Witness.
Cela “ne signifie pas nécessairement que Khartoum a trompé le Sud sur les sommes versées, mais souligne le besoin de transparence”, afin de ne pas alimenter la méfiance entre le Nord et le Sud du Soudan dont les relations sont actuellement tendues à l’approche d’échéances clés, souligne l’organisation.
Carte du Soudan |
L’accord de paix global prévoit la tenue d’élections multipartites – reportées à avril 2010 – et un référendum en janvier sur la sécession du Sud-Soudan.
Les leaders du Nord et du Sud s’opposent actuellement sur l’adoption d’un train de réformes visant à garantir la bonne marche des élections et la loi encadrant la tenue du référendum. L’un des enjeux clés est la démarcation des frontières Nord-Sud, qui passent sur des zones pétrolifères.
“La démarcation des frontières entre le nord et le sud n’est pas encore faite. Même chose pour la région (pétrolifère) d’Abyei”, dont le différend opposant nord/sud a été tranché en juillet dernier par le tribunal international de La Haye. “Il y a un obstacle. La commission nommée par le gouvernement n’a pas pu avancer” en raison des risques de violence, a-t-il déploré.
La visite de Salva Kiir à Paris survient alors que doit s’ouvrir sous peu un nouveau round de discussions à Doha, Qatar, entre des groupes rebelles du Darfour – vaste région de l’ouest soudanais en proie depuis 2003 à un conflit civil complexe – et le gouvernement central de Khartoum.
“Nous, le SPLM (Mouvement populaire de libération du Soudan, ex-rébellion sudiste aujourd’hui au pouvoir au Sud-Soudan), essayons d’unifier les rangs (de la rébellion) pour qu’ils viennent aux négociations plus forts, avec un agenda et un objectif”, a-t-il dit, ajoutant “ne pas attendre grand chose” de Doha.
Le chef d’une faction importante de l’Armée de libération du Soudan (SLA-Abdelwahid, rebelles), Abdel Wahid Mohammed Nour, refuse de participer au processus de paix de Doha. Ce dernier vit en exil à Paris.