éléphone BlackBerry, le 22 juillet 2009 à Paris (Photo : Loic Venance) |
[22/11/2009 09:04:07] PARIS (AFP) Très populaires, les jeux TV représentent pour les chaînes une manne, tenue très secrète, provenant surtout des annonceurs mais aussi des appels ou sms surtaxés et abonnements pour ces divertissements sur les sites internet.
Le Sénat envisage de taxer à hauteur de 9,5% les gains résultant des appels téléphoniques surtaxés passés dans le cadre de jeux télévisés.
Cette taxe, destinée à la sécurité sociale, pourrait être étendue aux sms surtaxés et aux revenus provenant des sites internet dédiés à ces jeux TV, précise à l’AFP Nicolas Nebout, sénateur (Union centriste) à l’origine de l’amendement.
“Personne ne sait combien ces jeux rapportent. Des bruits courent qu’ils peuvent atteindre 40% des revenus de certaines chaînes! Elles ont très peur de rendre publics les montants exacts, car les gens vont les comparer avec les gains quasiment nuls distribués”, affirme M. Nebout.
La publicité apporte plus de 90% des revenus des jeux, les sms, sites internet, appels téléphoniques et produits dérivés le reste.
Les sms surtaxés coûtent de 35 centimes à plus de deux euros, le coût de fil de 56 centimes à plus de deux euros la minute. Un tiers de ces sommes est reversé aux chaînes. Sur internet, les achats de parties coûtent au minimum 1,50 euro, mais atteignent très vite plusieurs dizaines d’euros.
Les grandes chaînes privées, qui défendent la “logique commerciale” de ces jeux, les rendent systématiquement payants, alors que le groupe public France Télévisions (France 2, France 3, France 4, France 5 et France Ô) permet aux internautes de jouer gratuitement une fois par jour.
Selon des sources proches de la profession, les jeux rapporteraient plusieurs dizaines de millions d’euros aux chaînes privées. Sur France Télévisions, les revenus se comptent en millions d’euros, principalement grâce aux abonnements aux jeux sur internet.
Des sommes qui avaient incité le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) à taper du point sur la table en 2007, en invitant les chaînes à ne plus inciter que de manière “ponctuelle et discrète” les téléspectateurs à appeler un numéro téléphonique ou à envoyer un SMS surtaxé.
Si certaines émissions ont disparu des antennes depuis ces recommandations, les jeux restent en général très populaires.
Signe du succès, le premier site de l’ensemble des sites de France Télévisions en terme d’audience est celui d’un jeu, “Tout le monde veut prendre sa place” (300.000 à 400.000 visiteurs par jour).
Au vu de ce succès, le groupe public prévoit de décliner sur internet ses autres jeux, comme “Motus” ou “Des chiffres et des lettres”. Il envisage en outre d’adapter son premier jeu sur téléphone mobile en mars 2010.
Mais, évolution de la société oblige, les jeux éducatifs tels que “Question pour un champion” qui rapportent un gain symbolique aux participants, ont tendance à disparaître même s’ils restent populaires auprès des seniors.
La plupart des jeux reposent désormais sur l’appât du gain ou “le quart d’heure de célébrité”, relève Arnaud Mercier, spécialisé dans les médias (Université Metz).
Du coup, payer pour jouer ne freine pas l’ardeur des téléspectateurs.
“Cela reste un coût marginal pour le téléspectateur. Le rapport entre la perspective de gain et le coût que le jeu génère est extrêmement favorable à l’incitation de jouer”, estime M. Mercier.
Surtout, “les chaînes ne communiquent pas sur le nombre de gens qui ont joué, ce qui empêche de calculer la probabilité de gagner. Si les téléspectateurs savaient qu’il y a un million de sms envoyés, ils ne joueraient jamais!”, explique-t-il.