EDF : Proglio remis en place par le gouvernement avant même sa prise de fonctions

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à Paris (Photo : Martin Bureau)

[23/11/2009 08:19:37] PARIS (AFP) Avant même de prendre ses fonctions de patron d’EDF, Henri Proglio s’est fait remettre à sa place par le gouvernement pour avoir affiché son ambition de remodeler la filière nucléaire française et de mettre à sa tête l’électricien public.

Aujourd’hui PDG du groupe de services Veolia Environnement, M. Proglio qui doit s’installer ce lundi dans son nouveau bureau de la rue de Wagram, à Paris, siège d’EDF.

Un conseil d’administration du groupe public, convoqué lundi, suivi d’un décret en Conseil des ministres mercredi, viendront officialiser sa nomination.

Entre-temps, M. Proglio aura abandonné la direction générale de Veolia, gardant toutefois la présidence du conseil d’administration du leader mondial de l’eau.

Mais à peine nommé, M. Proglio a fait part de ses nouvelles ambitions pour EDF qu’il verrait bien en chef de file de la filière nucléaire française.

“Mon ambition est d’avoir une filière nucléaire française qui fonctionne. Cela implique qu’on repense toute la filière”, a-t-il déclaré mercredi dans un entretien aux Echos.

Au passage, il a remis en cause la stratégie du groupe nucléaire Areva, qualifiant d'”erreur” la fusion réalisée en 2001 entre Framatome, fabricant de réacteurs, et Cogema, qui fournit le combustible.

Cette union, qui a donné naissance à Areva, est au coeur du modèle économique du leader mondial du nucléaire, qui construit des réacteurs et se rémunère sur la vente du combustible.

Alors qu’EDF et Areva se disputent depuis des années le leadership de la filière, M. Proglio veut en outre ramener Areva au rôle de “sous-traitant important” qui lui était auparavant dévolu.

Il plaide enfin pour une ouverture du capital de l’ex-Framatome, Areva NP, filiale du groupe spécialisée dans la conception de réacteurs, à laquelle EDF pourrait participer, selon Les Echos.

Vendredi, la ministre de l’Economie Christine Lagarde a calmé les ardeurs du nouveau patron d’EDF en soulignant que que “chacun doit s’occuper de ses dossiers”. Elle a toutefois “approuvé” la “détermination” de M. Proglio “à vouloir renforcer la position de la France dans le domaine nucléaire”.

Interrogé, Areva, qui est détenu à 93% par l’Etat, n’a pas souhaité réagir officiellement, se rangeant derrière les déclarations en début d’année du président Sarkozy.

Lors d’une visite sur le chantier du réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche), ce dernier avait qualifié Areva d'”exemple même, dans le nucléaire, de la réussite”.

“Tous ses concurrents imitent aujourd’hui son modèle intégré, qui part de la mine d’uranium (…) et termine par le traitement et le recyclage des déchets”, avait-il insisté.

Selon la presse, le nouveau patron d’EDF aurait parlé sans l’aval de l’Elysée. Et l’Etat, qui détient 84% d’EDF, verrait d’un mauvais oeil les commentaires mettant en doute l’efficacité de l’industrie nucléaire française, au moment où elle tente de prendre des parts de marché à l’international.

Les nuages s’amoncellent en effet depuis quelques mois pour les entreprises hexagonales. Les deux chantiers de réacteurs EPR, à Flamanville et en Finlande, accusent des retards importants.

Et les autorités de sûreté nucléaire britannique, française et finlandaise ont critiqué récemment le système de pilotage de l’EPR.

Enfin, GDF Suez, Total et Areva font face à une forte concurrence dans un appel d’offres pour construire la première centrale des Emirats Arabes Unis. A la demande du client, EDF a été appelé à la rescousse pour les épauler.