Remous sociaux dans la banque : les salariés veulent leur part du profit

[24/11/2009 16:12:38] PARIS (AFP)

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és de HSBC manifestent devant le siège de la banque, sur les Champs-Elysées, le 23 novembre 2009. (Photo : Lionel Bonaventure)

En pleine période de négociations salariales dans les banques, les employés notamment de la Société Générale et de HSBC ont haussé le ton mardi face aux rémunérations indues, selon eux, de leurs dirigeants et à la rigueur imposée à la base.

8,5% des quelque 60.000 salariés de la Société Générale ont fait grève, selon la direction, et entre 100 et 200 d’entre eux ont participé à un sit-in dans le hall de la tour de la banque à La Défense.

Chez la britannique HSBC, la direction a recensé 6% de grévistes à Paris, 12,8% en province. Quelques centaines de salariés ont manifesté bruyamment devant le siège des Champs-Elysées pour réclamer “des sous”.

A LCL aussi, l’exaspération monte et une intersyndicale annonce des “actions” dans les semaines à venir. Comme dans d?autres banques, “nos dirigeants se servent aujourd?hui de la crise financière (dont ils sont pourtant les initiateurs) comme alibi pour faire payer la note aux salariés et à la société toute entière”, estiment CFDT, CFTC, CGT, FO et SNB/CGC.

La direction de l’ex-Crédit Lyonnais, arguant d’une inflation faible, a mis sur la table une enveloppe de 1,3% d’augmentation de la masse salariale pour 2010, essentiellement par des augmentations individuelles, d’après les syndicats.

Même tendance à l’individualisation chez HSBC, où “une enveloppe salariale significative” est prévue pour valoriser les salariés les plus méritants, les augmentations collectives étant “focalisées” sur les bas salaires.

A la Société Générale, la direction a proposé 0,7% d’augmentation générale et un “dividende du travail” (complément d’intéressement) de 600 euros, ce que l’ensemble des syndicats juge insuffisant alors que les salariés se sont “serré la ceinture” l’an dernier après l’affaire Kerviel et les débuts de la crise économique.

“L’année a été difficile, c’est le moment où jamais pour les directions de faire un geste alors que les résultats du 3e trimestre sont bons”, estime FO-banques. Des accords ont été trouvés à la BNP et au Crédit du Nord notamment.

Les salariés “ont subi la hausse de 20% des incivilités” en 2008, en lien avec la crise, “et comme tout le monde ne comprennent pas l’attitude des patrons qui continuent d’accorder bonus et grosses rémunérations” à un petit groupe de très hauts cadres, “parce que soi-disant ils ne peuvent faire autrement dans le monde d’aujourd’hui”, assène Véronique Descacq, secrétaire générale de la CFDT-banques, premier syndicat.

L’écart se creuse entre “les smicards et les millionnaires”, observe-t-elle, dans un secteur où le salaire moyen s’établit à 37.000 euros par an et le salaire médian (50% touchent plus, 50% moins) à 33.000 euros.

Les syndicats n’attendent aucun secours des négociations de branche qui ont échoué vendredi.

Le malaise déborde la question des salaires, surtout à la Société Générale où “la pression s’accentue”, selon les syndicats qui redoutent une réduction des effectifs des agences de 25% et observent “des contrôles tatillons sur les salariés, sanctionnés à la moindre petite faute”.

Chez HSBC, “sous le rouleau compresseur anglais, tout ce qui compte ce sont les rendements, on doit quantifier tout ce qu’on fait”, note une technicienne de “back-office” (gestion) de 56 ans.

Même désabusement chez cet assistant commercial de 27 ans: “Mon environnement de travail ne cesse de se dégrader et il n’y a jamais de reconnaissance de nos efforts”.