[26/11/2009 00:08:31] MONTPELLIER (AFP)
à Montpellier à l’appel du syndicat des Vignerons du Midi. (Photo : Pascal Guyot) |
“Nous sommes ruinés mais nous sommes encore debout”: 10.000 viticulteurs selon les organisateurs, 3.500 selon la préfecture, ont défilé mercredi à Montpellier pour manifester leur “angoisse” face à la crise qui touche leur secteur depuis plusieurs années, et réclamer des aides au gouvernement.
Devant la foule massée sur l’esplanade du Peyrou, à proximité du centre-ville, Philippe Vergnes, le président du Syndicat des Vignerons du Midi, organisateur de la manifestation, est direct: “nous sommes économiquement morts”, dit-il.
“Depuis 2004, la viticulture traverse la crise la plus terrible de son histoire”, déclare-t-il lors d’une prise de parole. “Les vignerons sont dans le désarroi le plus total”, ils se sentent “abandonnés, sans perspective d’avenir”.
à Montpellier à l’appel du syndicat des Vignerons du Midi. (Photo : Pascal Guyot) |
Devant l’estrade montée au centre de l’esplanade, est posé un cercueil sur lequel repose une couronne mortuaire. “Ci gît le dernier vigneron”, peut-on lire sur une plaque symbolique. Tout autour, se trouve une foule d’hommes et de femmes venus des six départements où le Syndicat des vignerons du Midi compte des adhérents – Aude, Hérault, Gard Pyrénées-Orientales, Drôme et Vaucluse – mais aussi du Beaujolais ou du Bordelais.
Ici ou là, on reconnaît des maires, des conseillers municipaux ceints de leurs écharpes, des députés ou sénateurs de toutes tendances politiques. De pancartes sont brandies, proclamant “Viticulture ruinée”, ou “On veut vivre de notre métier”.
A l’issue de la manifestation, quelques incidents ont opposé un groupe de manifestants aux forces de l’ordre. Le calme est revenu vers 19H00. Deux personnes ont été interpellées.
Lors d’une rencontre avec l’AFP, Philippe Vergnes avait mis l’accent sur la situation dans le Languedoc-Roussillon: endettement des entreprises viticoles, vente des vins à des cours très bas, faiblesse des récoltes et augmentation des charges.
Selon lui, les viticulteurs perdent environ 1.000 euros par hectare et par an. Il avait aussi cité la chute spectaculaire des revenus entre 2008 et 2007: – 88% dans l’Aude, – 76% dans le Gard, – 85% dans l’Hérault, statistiques confirmées par Agreste, site du ministère de l’Agriculture.
“Aujourd’hui, les vignerons doivent de l’argent partout: à la mutualité sociale agricole, aux banques et aux fournisseurs”, a-t-il dit mercredi, avant le départ du cortège – sous très haute surveillance – dans les rues de Montpellier au bruit des explosions des cannes à feu remplies de soufre frappées sur la chaussée.
Devant “l’urgence” de la situation, il faut donc “des réponses appropriées et immédiates”, a affirmé M. Vergnes, s’adressant directement au président de la République. Les récentes mesures en faveur de l’agriculture “ne sont plus adaptées”, dit-il.
Il réclame que les vignerons puissent bénéficier des “aides à l’hectare” attribuées aux agriculteurs dans le cadre de la politique agricole commune.
Pour lui, il est aussi indispensable que la grande distribution partage les marges qu’elle réalise sur le vin.
Le dégrèvement des taxes foncières, l’allègement des cotisations sociales, des mesures concernant l’assurance maladie sont aussi des revendications du Syndicat des vignerons du Midi.
“Nous attendons de vous que vous preniez la mesure de l’asphyxie économique qui étouffe les viticulteurs”, a-t-il dit en s’adressant une nouvelle fois au chef de l’Etat.
“Il ne faudra pas s’étonner si certains vignerons se révoltent ou se laissent aller à la désespérance”, a conclu M. Vergnes.