Poutine en France : une coopération par l’énergie et la défense

[27/11/2009 18:44:41] RAMBOUILLET (AFP)

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çois Fillon, le 27 novembre 2009 dans le parc du châteaui de Rambouillet (Photo : Fred Dufour)

Les chefs de gouvernement français et russe, François Fillon et Vladimir Poutine, ont célébré vendredi le “bond qualitatif” du partenariat entre leurs pays, avec le ralliement d’EDF au gazoduc russe South Stream et la vente possible d’un navire de guerre à Moscou.

Le groupe énergétique français a signé avec Gazprom un accord pour entrer dans le consortium South Stream à hauteur de 10%, à l’issue d’un séminaire gouvernemental bilatéral à Rambouillet, près de Paris. Le gazoduc acheminera du gaz vers l’Europe de l’Ouest, via la mer Noire.

Le Premier ministre français a confirmé que GDF-Suez, autre groupe français, ferait de même avec le projet North Stream, également mené par la Russie en mer Baltique, pour s’assurer le plein contrôle de leur livraison de gaz à l’Europe en contournant ses anciens satellites, le Bélarus et surtout l’Ukraine.

Ces annonces, qui s’ajoutent à une vingtaine d’autres accords, montrent un “bond qualitatif” dans la coopération franco-russe, a estimé M. Poutine. Pour M. Fillon, elles “consacrent la place très importante de la France dans l’économie russe”, celle-ci passant “devant les Etats-Unis” en terme d’investissement.

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çois Fillon, le 27 novembre 2009 dans le parc du châteaui de Rambouillet (Photo : Fred Dufour)

M. Fillon a balayé les critiques sur ces engagements énergétiques, concurrents du projet Nabucco cher à l’Union européenne, en affirmant que ce choix répondait à l’impératif de “sécurité énergétique de l’Europe”.

Autre illustration de la relation entre Paris et Moscou: MM. Fillon et Poutine ont confirmé que la Russie envisageait l’achat d’un puissant navire de guerre, le “Mistral”, une transaction avec un pays de l’Otan qui serait inédite.

Cette perspective suscite la réprobation des voisins de Moscou, un peu plus d’un an après le bref conflit russo-géorgien. M. Fillon a assuré qu’elle ne menacerait en rien la petite République du Caucase.

“Nous avons engagé un coopération complète, on ne peut pas à la fois dire qu’on veut un espace commun (…) et en même temps garder des réflexes qui n’ont rien à voir avec la situation”, a ajouté M. Fillon.

M. Poutine a souligné de son côté que son pays entendait utiliser ses armements “là où il l’estimait nécessaire”.

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à une réunion de la commission franco-russe, le 27 novembre 2009 à Paris (Photo : Alexey Druzhinin)

Dans le domaine de l’automobile, le français Renault a conclu un accord avec Avtovaz, dont il est déjà actionnaire à hauteur de 25%, pour la restructuration du constructeur russe en difficulté. Il prévoit un investissement de 240 millions d’euros de Renault en technologie et matériels et un soutien financier accru de la Russie pour sauver le producteur des célèbres Lada.

Interrogé par la presse sur le lien privilégié entre la France et un pays régulièrement accusée de violation des droits de l’Homme, le chef du gouvernement français a estimé que la Russie était “une démocratie”, insistant sur la volonté de la France de l'”accompagner” dans ce sens.

Quant à M. Poutine, questionné sur Mikhaïl Khodorkovski emprisonné au terme d’un procès largement considéré comme politique, il n’a pas hésité à comparer l’ex-patron du géant pétrolier Ioukos au financier américain Bernard Madoff et au mafieux Al Capone.

“Prenez Bernard Madoff aux Etats-Unis, il a reçu la perpétuité, et personne n’a bougé”, a-t-il déclaré ajoutant: “tout ce qui se passe chez nous se fait dans le respect de la loi”.

Le Premier ministre russe n’a pas pu rencontrer le président Nicolas Sarkozy qui est parti en tournée au Brésil et dans les Caraïbes pour gagner des soutiens avant le sommet sur le climat de Copenhague.

Vladimir Poutine a finalement reçu la visite à son hôtel parisien de son prédécesseur Jacques Chirac, avec qui il a toujours eu de bonnes relations, juste avant l’ouverture du séminaire bilatéral. Le Premier ministre russe doit retourner en Russie vendredi soir.