[27/11/2009 14:51:05] PARIS (AFP)
ël Forgeard (d) à son arrivée le 23 novembre 2009 au palais Brongniart à Paris où il doit être auditionné par l’AMF (Photo : Fred Dufour) |
L’Autorité des marchés financiers a clos vendredi une semaine d’auditions de 17 ex ou actuels responsables d’EADS et d’Airbus soupçonnés de délits d’initiés, une des plus importantes affaires qu’elle ait eu à traiter et sur laquelle elle devrait statuer en décembre.
Noël Forgeard, ex-coprésident d’EADS, ou encore l’actuel président d’Airbus, l’Allemand Thomas Enders, et son directeur commercial, l’Américain John Leahy, ont ainsi dû s’expliquer à huis clos devant l’Autorité des Marchés financiers (AMF).
Les groupes allemand Daimler et français Lagardère, les deux principaux actionnaires d’EADS, ont aussi été mis sur la sellette. Quant à EADS, il a dû s’expliquer sur sa communication financière.
Les auditions se sont terminées vendredi en fin de matinée, après une intervention de l’actuel président exécutif d’EADS Louis Gallois, qui n’est pas mis en cause à titre personnel. “Je ne peux penser une seconde que ces hommes qui ont construit et fait le succès d’Airbus aient pu spéculer sur leur propre échec”, a-t-il fait valoir.
L’AMF se donne désormais jusqu’à la mi-décembre pour se prononcer. Elle peut décider de lourdes sanctions, atteignant jusqu’à dix fois les profits réalisés, soit une amende potentielle de 37 millions d’euros pour Noël Forgeard.
ée par la compagnie Air France le 10 novembre 2009 (Photo : Airbus/Gousse) |
Les personnes visées sont suspectées de s’être enrichies indûment en 2005 et 2006 en vendant leurs actions du groupe, alors qu’elles auraient bénéficié d’informations privilégiées.
L’AMF les soupçonne d’avoir eu connaissance avant le public des retards de l’Airbus A380, de la révision du projet de long-courrier A350 et de perspectives financières du groupe EADS plus mauvaises que prévu. Ces informations, une fois révélées, ont provoqué la descente vertigineuse de l’action.
Les accusés se sont toujours dit innocents et pressés de pouvoir s’expliquer sur cette affaire vieille de plus de trois ans.
Assistés d’une armée d’avocats, ils ont tenté de démonter les accusations de l’AMF, qui ont été étudiées point par point au cours de la semaine.
Sur la forme d’abord, la défense a plaidé l’incompétence de l’AMF, puisqu’EADS a son siège juridique aux Pays-Bas et que l’affaire serait donc du ressort du gendarme de la Bourse néerlandais. Elle a aussi avancé que l’AMF ne respectait pas à la lettre une directive européenne sur les abus de marchés.
Mais le point principal a été l’étude des retards de l’Airbus A380. Airbus avait annoncé le 13 juin 2006 un retard de six à sept mois du calendrier de livraison de son très gros porteur, entraînant le lendemain une chute en Bourse de 26,3% du titre EADS.
Ces retards et les informations privilégiées dont aurait bénéficié la direction d’Airbus et d’EADS constituent le seul grief qu’a retenu le rapporteur de l’AMF, qui a recommandé fin juillet à l’Autorité de se concentrer sur sept responsables, dont Noël Forgeard et John Leahy.
Cette semaine, la défense s’est appuyée sur de nouveaux éléments. Une pièce a été ajoutée à la dernière minute au dossier: le témoignage de consultants du cabinet McKinsey, missionné par Airbus entre décembre 2005 et juin 2006 pour régler les problèmes de production de l’A380. Ces consultants s’étaient à l’époque montrés confiants sur la capacité d’Airbus à rattraper son retard.
L’AMF a aussi examiné le témoignage écrit de Mike Turner, PDG du groupe britannique BAE à l’époque des faits, qui cherchait à se désengager du capital d’Airbus.
Une enquête pénale sur l’affaire, ouverte en novembre 2006, est parallèlement toujours en cours.