Sommet UE-Chine : Pékin insiste sur la stabilité du yuan, l’Europe exige plus d’efforts contre le réchauffement climatique

[30/11/2009 07:15:12] NANKIN, Chine (AFP)

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éenne aux relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner serre la main du ministre chinois de la Science Wang Gang sous l’oeil du Premier ministre chinois Wen Jiabao (c), du president de la Commission européenne José Manuel Barroso (d) et du Premier ministre Suédois Fredrik Reinfeldt (g) l (Photo : Philippe Lopez)

La Chine a répété lundi aux Européens, lors d’un sommet sino-européen à Nankin (est de la Chine), l’importance d’un yuan stable pour son économie, dénonçant les pressions “injustes” en faveur d’une appréciation de sa monnaie de la part “de pays pratiquant le protectionnisme commercial”.

Des son côté, l’Union européenne a jugé indispensable une forte contribution de la Chine à la lutte contre le réchauffement climatique, tout en appelant l’ensemble de la planète à plus d’efforts, à une semaine exactement de l’ouverture de la conférence sur le climat de Copenhague.

“Le maintien d’un taux de change stable du renminbi (autre nom du yuan) est crucial pour la stabilité économique chinoise”, a souligné le Premier ministre Wen Jiabao à l’issue du sommet de Nankin.

“Nous continuerons d’améliorer le mécanisme de taux de change et de maintenir la stabilité de base du renminbi à un niveau approprié”, a-t-il ajouté, reprenant la formule consacrée.

Mais “certains pays d’une part font pression pour que la Chine apprécie sa monnaie, de l’autre pratiquent un protectionnisme commercial contre la Chine sous différentes formes”, a-t-il dénoncé.

“Ceci est injuste. Ces mesures sont des restrictions au développement de la Chine”, a-t-il lancé.

La Chine a haussé le ton ces dernières semaines vis-à-vis de ses grands partenaires commerciaux, comme les Etats-Unis et l’Union européenne, qui lui demandent avec insistance depuis des années de laisser sa monnaie s’apprécier.

Pendant la première visite d’Etat en Chine du président américain Barack Obama, mi-novembre, le ministère chinois du Commerce avait ainsi dénoncé le “protectionnisme” des Etats-Unis et leurs pressions “injustes” pour une réévaluation du yuan, alors qu’eux-mêmes ont laissé plonger le billet vert “pour accroître leur compétitivité”.

Les nouvelles déclarations de Wen Jiabao font suite à une mise en garde des responsables des finances de l’UE sur le niveau du yuan, susceptible, selon eux, d’entraîner une hausse du protectionnisme dans l’Europe des 27.

A Nankin dimanche, le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, le commissaire européen aux Affaires économiques Joaquin Almunia et le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet ont de nouveau appelé Pékin à une “appréciation ordonnée et graduelle” du renminbi.

Après s’être apprécié de quelque 21% depuis juillet 2005 face au dollar, le yuan marque le pas depuis plus d’un an. Depuis l’été 2008, de facto réarrimé au billet vert, il en a suivi les accès de faiblesse vis-à-vis de l’euro, au grand dam des industriels européens.

Les Européens, principaux partenaires commerciaux de la Chine, estiment que le taux élevé de l’euro par rapport au yuan désavantage leurs exportations.

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édois Fredrik Reinfeldt lors du sommet Chine-UE à Nankin (est de la Chine) (Photo : Philippe Lopez)

S’agissant du réchauffement climatique, le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt, qui préside l’UE, a estimé que “le défi du climat (…) ne (pouvait) être relevé sans que la Chine prenne un rôle de leader et (accepte sa) responsabilité”.

“Nous pensons jusqu’à présent que les contributions mondiales mises sur la table pour réduire (les émissions) ne sont pas suffisantes pour (ne pas dépasser) une hausse limitée à 2 degrés”, a déclaré M. Reinfeldt, “davantage doit être fait”.

M. Reinfeldt s’exprimait, à une semaine de l’ouverture de la conférence de l’ONU sur le climat de Copenhague qui va rassembler 192 pays, lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre chinois Wen Jiabao et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

“Nos efforts volontaires sont sérieux”, a rétorqué le Premier ministre chinois, ils “marquent une contribution majeure aux efforts mondiaux”.

“La Chine accorde une haute importance à la Conférence de Copenhague”, a dit le chef du gouvernement du pays premier émetteur de gaz à effets de serre (GES) de la planète — responsables du changement climatique — qui se rendra en personne dans la capitale danoise.

“La Chine est décidée à faire avancer la conférence dans la bonne direction”‘, a-t-il assuré en soulignant que “la clef du succès serait de suivre le principe de responsabilités communes mais différenciées”.

Les pays en développement, Chine en tête, estiment que si le changement climatique est l’affaire de tous, les pays industrialisés en sont davantage responsables et doivent assumer ces responsabilités historiques, avec davantage d’efforts de réduction de leurs émissions de GES.

Ils attendent aussi des pays développés un soutien financier pour les aider à mieux faire et à s’adapter au changement climatique.