énéral de l’AIEA Mohamed ElBaradei, lors d’une conférence de presse, le 20 novembre 2009 à Berlin (Photo : John Macdougall) |
[30/11/2009 07:06:40] VIENNE (AFP) Mohamed ElBaradei tire sa révérence ce lundi après douze années à la tête de l’AIEA, dont il a accru le rôle politique, mais sans arriver à des percées sur les dossiers qui ont sorti de son anonymat cette organisation onusienne à l’origine aux compétences purement techniques.
Volontiers lyrique lors de son message d’adieu au Conseil des gouverneurs vendredi, le diplomate égyptien a cité la célèbre prière de Saint-François d’Assise: “Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix…”
Mais, après trois mandats en tant que Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Mohamed ElBaradeï est loin d’avoir atteint ces pieux et nobles objectifs sur les dossiers brûlants qui lui sont passés entre les mains.
Après six ans d’enquête, le programme nucléaire iranien — purement civil, comme l’affirme le régime islamique, ou, au contraire, aussi militaire comme le soupçonnent les grandes puissances — est aussi controversé qu’au premier jour.
La Corée du Nord a tourné le dos à la négociation et poursuit son cavalier seul, tandis que la Syrie traîne les pieds pour coopérer.
Comme tout dirigeant en fin de mandat, le Prix Nobel de la Paix 2005 aurait voulu finir sur une bonne note. Cible régulière de tirs de barrage occidentaux pour son attitude jugée trop conciliante face à l’Iran, il avait aiguisé son discours avec le temps.
Las, ses efforts pour parvenir in extremis à une solution sur le dossier iranien n’ont pas été couronnés de succès. Sa proposition d’un enrichissement à l’étranger de l’uranium de la République islamique, qui aurait balayé les peurs occidentales sur les visées militaires du programme iranien, n’a pas trouvé grâce à Téhéran.
énergie atomique (AIEA), le 4 octobre 2009 à Téhéran (Photo : Atta Kenare) |
Pis, après le vote d’une résolution vendredi condamnant la construction dans le secret d’une installation nucléaire à Fordo, le fossé semble s’être creusé entre l’AIEA et les grandes puissances, d’une part, et l’Iran, d’autre part.
Frustré, le diplomate de 67 ans a publiquement exprimé sa déception jugeant, dans un quasi-aveu d’impuissance, en être arrivé “à un point mort” dans ce dossier qu’il cède à son successeur, le Japonais Yukiya Amano.
La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton dédouane cependant le patron de l’AIEA pour ce bilan mitigé: l’agence “ne dispose ni des outils, ni de l’autorité pour mener à bien sa mission efficacement”, a-t-elle reconnu, assurant que les Etats-Unis allaient oeuvrer à renforcer les pouvoirs de l’AIEA.
Un véritable revirement de tendance pour Washington qui, sous l’administration Bush, n’a eu de cesse de critiquer le rôle politique joué par Mohamed ElBaradei.
Ce dernier avait réduit en pièces en 2003, avec son chef des inspections, le Suédois Hans Blix, les fantasmes d’armes de destruction massive avancés par l’administration Bush pour envahir l’Irak. Cette passe d’armes lui a valu l’opposition farouche des Etats-Unis pour sa réélection pour son troisième mandat en 2005.
Mais le vent a tourné avec l’arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche. Le nouvel ambassadeur américain à l’AIEA, Glyn Davies, n’a pas de mot trop élogieux pour l’Egyptien: “Il a été un héros. Personne n’a travaillé aussi dur, aussi longtemps et avec autant d’imagination que Mohamed ElBaradei”, a-t-il affirmé devant la presse, au terme de la réunion du conseil des gouverneurs vendredi.