L’OMC convoque lundi une grande ministérielle, les yeux rivés sur les Etats-Unis

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çais Pascal Lamy, le 9 novembre 2009 à Milan (Photo : Damien Meyer)

[30/11/2009 07:15:46] GENÈVE (AFP) Plus d’une centaine de ministres sont attendus lundi à Genève pour la première grande ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en quatre ans pendant laquelle les regards seront tournés vers les Américains, toujours indécis face aux négociations commerciales.

Officiellement, la septième réunion ministérielle de l’OMC qui succède à celle de Hong Kong en 2005, est destinée à “examiner le fonctionnement” du gendarme du commerce mondial trois jours durant.

Elle doit être également l’occasion d?envoyer des “signaux forts au monde entier sur l?ensemble des questions OMC” y compris le cycle de négociations de Doha pour la libéralisation des échanges commerciaux, expliquait récemment le directeur de l’organisation, Pascal Lamy.

Mais, contrairement aux précédentes réunions de ce type, aucune tentative n’est prévue pour sortir de l’ornière les laborieuses négociations entamées en 2001 dans la capitale du Qatar.

Echaudé par ses multiples essais infructueux, le Français Pascal Lamy a préféré abaisser au maximum les ambitions de sa ministérielle.

Tout au plus espère-t-il un nouvel engagement des grandes puissances à terminer le cycle en 2010, une perspective qui semble s’éloigner chaque jour au vu de la paralysie actuelle des pourparlers.

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âte, portant une banderole avec le nom du directeur de l’OMC, Pascal Lamy, est promené dans Genève, le 28 novembre 2009 (Photo : Fabrice Coffrini)

Malgré tout, la ville des bords du Léman devrait voir affluer les représentants des plus grands pays de la planète parmi lesquels la commissaire européenne au Commerce Catherine Ashton (nommée à la tête de la diplomatie de l’UE), le représentant américain au Commerce Ron Kirk, les ministres du Commerce chinois Chen Deming et indien Anand Sharma, ou encore le ministre brésilien des Affaires étrangères Celso Amorim.

Cette bousculade laisse perplexe nombre d’observateurs qui, comme l’économiste de l’institut IMD de Lausanne, Jean-Pierre Lehmann, estiment que la rencontre se présente comme la pièce de Shakespeare: “Much Ado About Nothing” (Beaucoup de bruit pour rien).

Pour cet expert, les discussions bilatérales les plus intéressantes devraient se faire en toute discrétion, dans les couloirs du Centre de conférence mobilisé pour la réunion.

La seule bonne surprise serait, selon lui, que la nouvelle administration américaine formule enfin une position ferme face à Doha, dont elle bloque notoirement les négociations depuis plus d’un an.

“Les Etats-Unis n’ont pas encore énoncé leur politique commerciale et tout le monde attend qu’ils s’expriment clairement sur le sujet”, explique M. Lehmann.

Mais, regrette un diplomate occidental, il semblerait bien que “Washington ait toujours d’autres priorités” en tête. Comme la réforme du système de santé ou le climat, déjà difficiles à “vendre” à un Congrès réticent.

De plus, la libéralisation des échanges n’a jamais été un sujet de prédilection des démocrates américains, souligne ce diplomate.

Autant d’arguments propres à doucher toute attente, auxquels s’ajoute le départ de Catherine Ashton, dont le remplaçant est loin d’être nommé.

Alors que le commerce mondial connaît des heures sombres avec une chute attendue de plus de 10% en 2009, M. Lamy ne manquera pas de défendre une nouvelle fois un accord sur Doha qui pourrait, selon certaines études, apporter jusqu’à 700 milliards de dollars à l’économie mondiale en levant les barrières tarifaires de milliers de produits et mettant fin aux subventions agricoles de l’UE et des Etat-Unis. Un bénéfice à ne pas négliger, surtout en tant de crise, fait-il valoir.

Ces arguments sont toutefois contestés par les ONG qui manifesteront samedi à Genève. D’autres devraient suivre tout au long de la ministérielle.