[25/11/2009 06:25:05] PARIS (AFP)
ès (C) et des membres de l’équipe du Grand Journal de Canal+, le 10 novembre 2008 à New York (Photo : Stephane de Sakutin) |
Sarkozy, Chirac, Ségolène Royal ou Benoît Hamon : dans son “Petit Journal” de Canal+, Yann Barthès égratigne allègrement les politiques de tous bords qui se retrouvent ensuite sur la Toile pour le bonheur des internautes.
Dernier fait d’armes du trublion audiovisuel, une vidéo de Jacques Chirac se promenant avec Alain Juppé à Bordeaux. Dans les images diffusées lundi soir sur Canal+ et reprises mardi par divers sites, l’ancien président de la République se laisse aller à un petit commentaire à propos d’un jeune homme au teint hâlé: “A mon avis, il est pas tout à fait né, natif de là…” et Alain Juppé d’ajouter en souriant “Il est pas corrézien”.
Quand on veut l’interroger, Yann Barthès refuse toute interview. “Il ne parle pas, car il ne peut pas être en même temps observateur critique et rentrer dans le grand cirque médiatique”, explique un de ses collaborateurs. Et puis le journaliste ne veut surtout pas passer pour un donneur de leçon.
Car, lorsque Yann Barthès et son équipe sortent une info, il s’agit d’une info à laquelle tous les journalistes ont accès eux aussi.
Exemple à Bordeaux, où six journalistes, dont trois télévisions, étaient présents en même temps que le “Petit Journal” pour immortaliser la promenade Chirac-Juppé.
à Bruxelles, le 29 septembre 2009 (Photo : Johanna Geron) |
Ou encore en juin dernier, lorsque Jacques Chirac drague une élue corrézienne pendant que son épouse prononce un discours sous les caméras de cinq chaînes. Sauf que, tandis que les caméras filment Bernadette Chirac, l’équipe du “Petit Journal” se tient sur le côté pour avoir l’ex-président dans son objectif. Résultat, la vidéo totalise aujourd’hui près de 2 millions de visiteurs, rien que sur Dailymotion.
De cinq personnes à ses débuts en 2006, le “Petit Journal” compte aujourd’hui 10 collaborateurs disposant des mêmes accréditations que les autres télés, du même matériel et d’un micro identifiable avec le nom de l’émission. “Ils ne se cachent pas pour filmer. Ils ne zooment pas. Tout le monde peut les voir”, insiste-t-on dans l’entourage de Yann Barthès.
Deux reporters se consacrent à l’Elysée “où il se passe toujours quelque chose” et une personne visionne des heures de films pour ne garder au final que très peu, le “Petit Journal actu” ne durant que 5 minutes. Les images fournies par les chaînes parlementaires sont aussi une mine pour l’équipe qui fait ses choux gras des élus baillant, dormant ou hurlant dans l’hémicycle.
“La différence fondamentale entre le +Petit Journal+ et ce qu’on voit ailleurs, c’est le cahier des charges: raconter une histoire rapide et efficace à partir d’heures de tournage et de visionnage”, relève le collaborateur du journaliste.
Comme pour les Guignols de l’info qui ont “inventé” les caractères de leurs marionnettes, Yann Barthès épingle ses personnages à travers leurs tics ou leurs manières et transforme l’histoire en feuilleton.
Au fil des mois, les politiques ont appris à devenir méfiants. La conseillère presse d’un ministre dont les faits et gestes sont régulièrement décortiqués affirme que l’émission “n’a aucune influence” sur sa communication. Mais elle admet que, lors des déplacements, elle s’enquiert de la présence de caméras de Canal + car les images “peuvent servir à ce type d’émissions”.
Pour le conseiller en communication d’un autre ministre, “il faut être vigilant tout le temps” et pas seulement vis à vis des télés “car les caméras se cachent partout, jusque dans les téléphones portables”.