érence de presse, le 1er décembre 2009 à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
[01/12/2009 10:07:48] TOKYO (AFP) La Banque centrale du Japon a annoncé mardi de nouvelles mesures monétaires exceptionnelles pour accompagner les dispositions budgétaires de relance du gouvernement, afin d’éviter une rechute de l’économie japonaise, menacée par la déflation et la hausse du yen.
La banque centrale (BoJ) a décidé au cours d’une réunion extraordinaire de son comité de politique monétaire de prêter “à un taux extrêmement bas de 0,1%” environ 10.000 milliards de yens (77 milliards d’euros) aux institutions financières via le rachat d’actifs divers (obligations d’Etat ou d’entreprises, traites, etc.), afin d’apaiser les marchés et de permettre aux banques de se montrer moins avares de crédits.
Cette mesure non-conventionnelle, adoptée à l’unanimité des sept membres présents, est valable pour une durée de trois mois, a précisé la BoJ dans un communiqué.
Mardi en matinée, le yen reculait un peu face au dollar qui remontait à 86,82 yens contre 86,28 yens.
“Cette décision prise aujourd’hui, en accompagnement des efforts du gouvernement, va fortement soutenir le redressement de l’économie japonaise”, a justifié le gouverneur de la BoJ, Masaaki Shirakawa, lors d’une conférence de presse.
“Nous avons estimé qu’il s’agissait du moyen le plus efficace à cette fin”, a ajouté le comité dans un communiqué.
Ces mesures d’assouplissement “au sens large” selon le gouverneur, visent in fine à enrayer la baisse continue des prix qui pourrait dégénérer en spirale incontrôlable.
“L’institution continuera de faire de son mieux pour combattre la déflation, et remettre l’économie japonaise sur la trajectoire d’une croissance durable sur fond de stabilité des prix”, a répété mardi M. Shirakawa.
La déflation, que le Japon avait déjà connue entre juin 1998 et janvier 2006, est un phénomène pernicieux qui ruine les perspectives de bénéfices des entreprises, décourage l’investissement, bloque la progression des salaires et réduit les capacités des ménages à rembourser leurs dettes, la valeur de leurs actifs s’amenuisant.
Bien que se défendant de réagir sous les pressions récurrentes du gouvernement, la BoJ juge qu’elle se doit d’intervenir lorsque les circuits financiers se grippent.
“Il est de notre responsabilité, en tant que banque centrale, de garantir la stabilité des marchés financiers et j’insiste sur le fait que nous sommes toujours prêts à agir rapidement et de façon décisive si cela est nécessaire pour garantir ce bon fonctionnement”, avait souligné lundi M. Shirakawa.
Le comité de politique monétaire a également maintenu mardi inchangé à 0,1% son taux directeur au jour le jour.
La crainte d’une rechute de l’économie japonaise est avivée par le fait que la devise nippone évolue actuellement à son plus haut niveau en 14 ans face au dollar, ce qui pénalise les exportations, principal moteur de l’amorce de reprise actuelle.
Le gouverneur de la BoJ a affirmé que “la banque centrale prête une grande attention à l’impact sur la situation des entreprises de la récente et forte appréciation du yen”.
Face au risque de “deuxième plongeon”, le gouvernement a déjà promis lundi une rallonge budgétaire pour l’exercice en cours, d’au moins 2.700 milliards de yens (20 milliards d’euros).
Il prévoit de proroger des mesures fiscales et autres favorisant la consommation intérieure pour réduire l’écart entre l’offre et la demande et améliorer la situation de l’emploi.
Le Premier ministre japonais, Yukio Hatoyama, et M. Shirakawa se rencontreront mercredi, a indiqué le porte-parole du gouvernement, Hirofumi Hirano.
Sans attendre cette entrevue, le chef du gouvernement s’est dit mardi “soulagé par le partage de vue entre l’exécutif et la Banque du Japon”.