èces en billets de banque en euros (Photo : Koen Suyk) |
[01/12/2009 22:40:23] BRUXELLES (AFP) Les ministres des Finances de la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI) se sont inquiétés mardi soir de la “surévaluation” de l’euro face aux autres grandes monnaies comme le yuan et le dollar, une situation qui risque de freiner la reprise économique en Europe.
Le constat a été dressé lors d’une réunion à Bruxelles entre le directeur du département Europe du FMI, Marek Belka, et les grands argentiers de la zone euro à Bruxelles.
“Nous sommes d’accord avec lui lorsqu’il dit que l’euro est surévalué et qu’un certain nombre d’ajustements sont souhaitables”, a déclaré le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, devant la presse.
La monnaie unique évolue aujourd’hui au-dessus du seuil de 1,51 dollar, un élément de nature à peser sur les exportations des pays qui l’utilisent, et d’hypothéquer les chances de reprise économique après la grave récession qu’ils viennent de traverser.
Mardi soir, l’euro s’échangeait à 1,5110 dollar contre 1,5005 dollar lundi soir.
Un peu plus tôt dans la journée en France, le président Nicolas Sarkozy avait déploré la faiblesse du dollar par rapport à l’euro et critiqué indirectement le laissez-faire des autorités américaines.
“Je me reconnais comme un ami des Américains mais enfin on ne peut pas continuer comme ça avec un euro qui a augmenté de 50% de sa valeur par rapport au dollar (…) comment voulez-vous qu’on aille vendre des avions aux Etats-Unis ?”, s’est exclamé M. Sarkozy.
“Au lendemain de la Deuxième guerre mondiale, il n’y avait qu’une seule grande puissance, les Etats-Unis. Il était normal qu’il n’y ait qu’une grande monnaie. Aujourd’hui, le monde est multipolaire. Le système doit être multimonétaire. On ne peut être soumis au diktat d’une seule monnaie dans le monde tel qu’il est”, a-t-il ajouté.
Le faible niveau du yuan chinois, dicté par les autorités de Pékin, inquiète aussi de plus en plus les Européens.
M. Juncker a indiqué avoir fermement fait passer le message avec le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, dimanche lors d’une rencontre avec les responsable monétaires chinois, en marge d’un sommet UE-Chine à Nankin (Est).
“Nous avons expliqué à nos amis chinois (…) que nous souhaiterions une appréciation ordonnée et graduelle du yuan par rapport à l’euro”, a-t-il dit.
“Nous estimons anormal qu’une économie (comme la Chine) qui se trouve en forte progression dévalue le cours de sa monnaie par rapport à une zone monétaire (la zone euro) dont les performances de croissance sont largement moins positives”, a ajouté M. Juncker.
Il a toutefois reconnu que les Européens n’avaient pas pu convaincre. “Nos amis chinois ne voient pas de la même façon” la situation, a-t-il admis, reconnaissant que les discussions avaient été “franches”.
Le yuan est maintenu arrimé depuis des années au dollar américain. Et à Nankin la Chine n’a laissé aucune ambiguïté sur le fait qu’elle entend rester maîtresse de sa police de taux de change afin de ne pas sacrifier sa croissance pour faire plaisir à ses partenaires commerciaux.
Cette rebuffade est intervenue dans un contexte commercial tendu entre la Chine, de plus en sûre d’elle même, et l’Europe. Pékin s’irrite des enquêtes et mesures antidumping ou anti-subventions visant ses industriels.