ération-escargot à Sélestat, le 16 juin 2008. (Photo : Frederick Florin) |
[02/12/2009 06:25:26] PARIS (AFP) Insatisfaits des propositions patronales sur les salaires, les syndicats des quelque 500.000 salariés du transport routier de marchandises ont appelé mardi à une grève à partir du 13 décembre à 21H30, menaçant ainsi les approvisionnements alimentaires des fêtes de fin d’année.
Les actions envisagées ne devraient pas comporter d’opérations escargot sur les routes ou aux péages, mais des blocages d’entrepôts, ont affirmé les syndicalistes, réunis au siège de la CFTC Transports à Paris.
Elles viseront notamment les hangars de la grande distribution alimentaire, Auchan ou Carrefour en tête, accusés d’être responsables du “dumping social” qui frappe le transport routier en France, selon Gérard Martinez, secrétaire général de FO Transports.
Elles cibleront aussi les entreprises de transports, grandes ou petites.
“On est dans une profession complètement paupérisée et en janvier mécaniquement lorsque le Smic sera revalorisé, l’intégralité de la grille salariale des routiers sera en dessous du Smic” (les salariés concernés étant alors payés au Smic), a indiqué Max Dumont, secrétaire général de la CFDT Transports, premier syndicat du secteur.
Il a précisé que le salaire moyen mensuel à l’embauche de la profession était de quelque 1.300 euros brut.
Les syndicats réclament le passage à un salaire de 10 euros brut de l’heure pour les coefficients les plus élevés, 4% d’augmentation pour les cadres et 4% pour l’augmentation des frais de déplacement, ainsi qu’un 13e mois pour tous, une grille d’ancienneté identique pour tous et une mutuelle de branche.
Dans le transport routier de marchandises, “il n’y a eu aucune augmentation depuis deux ans”, a souligné Thierry Douine, président de la CFTC transports routiers.
“Les chiffres de l’Unedic récemment publiés montrent que 2008 s’est soldée par 1.000 suppressions d’emplois” dans le secteur, c’est 1.000 de trop, mais cela ne justifie par la mise à la soupe populaire et le gel des salaires que nous subissons du fait du patronat”, a renchéri M. Dumont, en rappelant que l’un des syndicats patronaux, la FNTR, avait tablé sur 30.000 suppressions d’emplois en 2008 dues à la crise et 90.000 fin 2009.
Le dernier grand mouvement de routiers, avec une telle unité syndicale, remonte à novembre 1997.
Mardi, le secrétaire d’Etat aux Transports Dominique Bussereau a appelé le patronat et les syndicats du secteur à continuer de négocier, estimant qu’il est “urgent” de trouver un accord “afin de prévenir un conflit, qui ne peut être que néfaste au transport routier durement touché par la crise actuelle, à l’économie de notre pays et au bien-être de nos concitoyens”.
Il a appelé les organisations patronales et syndicales du secteur à “poursuivre et améliorer le dialogue social sur la revalorisation de la grille salariale et la modernisation de la profession”, tandis que son collègue du Commerce Hervé Novelli a jugé “intolérable” une perturbation des approvisionnements durant la période des fêtes de fin d’année.
Les syndicats ont balayé les propositions salariales faites vendredi par l’une des organisations patronales, TLF, estimant qu’elles visaient surtout à diviser les salariés entre ceux des messageries et les autres.
La fédération patronale FNTR a jugé mardi les revendications syndicales “irréalistes”, estimant que les difficultés économiques du secteur ne permettent pas “d’augmenter les salaires cette année” et dénonçant un contexte de “pandémie fiscale” en référence à la taxe carbone et à la taxe poids lourds.