èse fournie par EADS montrant un avion ravitailleur. (Photo : Eads) |
[02/12/2009 07:51:35] WASHINGTON (AFP) L’industriel américain Northrop Grumman et son partenaire européen EADS menacent le Pentagone de se retirer de la compétition pour le méga-contrat des avions ravitailleurs américains, arguant que les termes de l’appel d’offres favorisent leur rival Boeing.
Dans une lettre datée de mardi 1er décembre et adressée au secrétaire adjoint à la Défense américain chargé des acquisitions, Ashton Carter, le PDG de Northrop Wes Bush déplore que le projet d’appel d’offres montre “une nette préférence pour un plus petit appareil de moindre capacité” que la version modifiée de l’Airbus A330 proposé par son groupe et EADS.
En clair, Northrop estime que le Pentagone met seulement en concurrence les prix des avions au détriment de leurs caractéristiques techniques.
Or, regrette Wes Bush dans cette lettre dont l’AFP s’est procuré copie, le Pentagone “ne compte pas répondre de manière substantielle aux inquiétudes” du groupe en changeant ses critères de sélection pour attribuer ce contrat de 35 milliards de dollars sur 15 ans.
“Dans ces conditions, je suis au regret de vous annoncer qu’en l’absence de modifications dans l’appel d’offres final, Northrop Grumman a décidé qu’il ne pouvait pas soumettre de proposition”, écrit-il.
Un porte-parole d’EADS, Guy Hicks, a indiqué à l’AFP “partager les inquiétudes exprimées par Northrop Grumman”.
Northrop et EADS avaient par ailleurs récemment accusé le Pentagone d’avoir révélé des informations confidentielles sur les prix qui pouvaient donner un avantage à leur concurrent américain.
Le Pentagone s’est défendu mardi de présenter une offre biaisée en faveur de Boeing, qui espère vendre à l’armée de l’Air américaine une version militaire de son B767 pour remplacer la flotte vieillissante des “stations-services volantes” de l’US Air Force.
“Le département de la Défense regrette que Northrop-Grumman et Airbus (filiale du groupe européen de défense EADS, ndlr) se soient retirés de la compétition et espère qu’ils y reviendront une fois publié l’appel d’offres final”, a déclaré un porte-parole Bryan Whitman dans un courriel à l’AFP.
“Les deux concurrents ont suggéré des modifications au projet d’appel d’offres qui favoriseraient leur proposition respective (…) mais le Pentagone ne peut pas changer ses demandes pour donner l’avantage à l’un ou l’autre”, a-t-il ajouté.
Le Pentagone compte désormais publier l’appel d’offres final “probablement en janvier”, après avoir longtemps laissé entendre qu’il comptait le faire fin novembre.
Les protestations de Northrop constituent le dernier rebondissement d’une longue série concernant ce contrat que le Pentagone tente en vain d’attribuer depuis des années.
Cette commande pour 179 appareils avait été confiée en février 2008 à EADS et Northrop Grumman. Mais à cause d’une erreur d’appréciation du prix, Boeing avait obtenu l’annulation de la commande.
Pour EADS, l’enjeu est de taille: un tel contrat lui permettrait de s’inviter sur le premier marché militaire mondial.
Mais le dossier est éminemment politique. Certains membres du Congrès dont les Etats hébergent des sites de production de Boeing avaient violemment critiqué l’armée de l’Air en 2008 pour avoir attribué le contrat à l’Européen EADS au détriment de l’avionneur américain, et au mépris du “patriotisme économique”.
Le parlementaire démocrate Norm Dicks, de l’Etat de Washington (nord-ouest) où se trouvent les lignes d’assemblage de Boeing, a estimé mardi que la lettre de Northrop était “une tactique classique pour mettre la pression sur le Pentagone” et a dit espérer que l’armée de l’Air saura résister”.