à Washington (Photo : Alex Wong) |
[02/12/2009 09:43:13] WASHINGTON (AFP) L’envoi de 30.000 soldats américains supplémentaires en Afghanistan va transformer le Congrès en champ de bataille politique sur la question du financement des dizaines de milliards de dollars que vont coûter chaque année les renforts.
Le Center for Strategic and Budgetary Assessments (CSBA) estime, dans un rapport publié mardi, qu’un million de dollars par an seront nécessaires pour l’envoi en Afghanistan d’un seul soldat américain.
Environ 30 milliards de dollars seront donc demandés par l’armée pour financer les nouveaux renforts commandés par le président Obama. Chiffre repris à son compte par M. Obama mardi soir lors de l’annonce de l’envoi de 30.000 soldats supplémentaires.
Dans un contexte de déficit budgétaire record (1.417 milliards de dollars en 2008-2009, 10% du PIB), fustigé quotidiennement par l’opposition républicaine, la question qui se pose aux parlementaires est la suivante: où trouver l’argent?
Au Congrès, les idées ne manquent pas: nouvel impôt, emprunt de guerre, ponction sur les fonds du plan de relance de l’économie, ponction sur les fonds du plan de sauvetage du secteur financier, coupes dans les dépenses…
C’est plutôt sur la méthode que le désaccord se fait.
A la Chambre des représentants, plusieurs élus démocrates ont choisi de faire du financement une arme politique contre leurs adversaires républicains qui soutiennent la guerre.
Ils ont déposé récemment un projet de loi créant une taxe supplémentaire pour financer les dépenses à venir en Afghanistan. Le représentant Dave Obey, qui préside la commission chargée de répartir les dépenses fédérales, estime que “si cette guerre doit avoir lieu, il n’est que justice que chacun en porte le poids”.
L’idée fait bondir les républicains et ne satisfait pas les démocrates centristes.
C’est pourquoi plusieurs élus se sont prononcés mardi pour l’émission d’emprunts de guerre afin de financer les renforts.
“Il n’y a pas de solution miracle pour financer (la guerre), mais certains ont suggéré — et je pense que cela vaut le coup d’y réfléchir — la possibilité ou non d’émettre des emprunts de guerre”, a dit mardi à la presse le sénateur démocrate Ben Nelson. “Il vaut mieux emprunter à nous-mêmes que d’emprunter à la Chine”, a estimé le sénateur.
à Washington (Photo : Mandel Ngan) |
Le sénateur républicain John McCain est farouchement opposé à un nouvel impôt. Il n’est pas davantage séduit par les autres solutions proposées. L’ancien rival de Barack Obama à la présidentielle de 2008 a en revanche suggéré un “gel” de certaines dépenses du budget 2010 pour revenir au niveau de l’année passée, affirmant qu’une économie de 60 milliards pourrait ainsi être effectuée.
De son côté, l’influent sénateur Kent Conrad, qui dirige la commission du Budget, estime qu’en temps de “ralentissement économique”, l’administration ne devrait pas lever de nouvel impôt.
“Je pense que (la guerre) devrait être financée (…) sur un plus long terme”, a-t-il dit. “Je n’ai pas encore vu de proposition qui correspond à cela, mais cela peut être fait”, a estimé le démocrate, qui laisse le débat ouvert sur la question du financement de la guerre.
Selon des chiffres du Congressional Research Service (CRS), qui fournit des analyses aux élus, la guerre en Afghanistan a coûté à Washington 3,6 milliards de dollars par mois depuis 2001, soit plus de 43 milliards par an. En 2009, la guerre pourrait coûter 68 milliards de dollars, selon les experts.