Sarkozy ébranle la confiance dans l’UE, selon les banquiers britanniques

[03/12/2009 06:53:39] LONDRES (AFP)

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ésident français Nicolas Sarkozy avec la nouvelle chef de la diplomatie de l’UE, Catherine Ashton, le 19 novembre 2009 à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

L’association des banquiers britanniques a estimé mercredi que les propos du président français Nicolas Sarkozy, suivant la nomination de Michel Barnier à la Commission européenne, ébranlaient la confiance dans les nouvelles institutions européennes.

Ces propos soulèvent en outre des doutes sur l’impartialité de M. Barnier, juge la même source.

La British Banker’s Association a placé mercredi après-midi en première page de son site internet un communiqué intitulé “Sarkozy a ébranlé l’Union européenne”.

“Les commentaires hostiles du président français Sarkozy ont ébranlé la confiance du public dans les nouvelles institutions de l’UE et soulevé de nombreuses questions sur l’impartialité du nominé français à la Commission européenne”, selon ce texte.

“Ses propos selon lesquels la nomination de Michel Barnier au portefeuille du Marché intérieur restreindrait un modèle financier anglo-saxon débridé sape le principe selon lequel les Commissaires sont au service de tous les pays membres et pas simplement de leur propre pays, et jette un doute sur les raisons pour lesquelles les Français ont soutenu leur candidat pour ce poste”, écrit la BBA.

Un peu plus tôt dans la journée, la directrice générale de la BBA a tenu des propos similaires devant un parterre de banquiers internationaux, rapporte le communiqué.

Angela Knight a évoqué dans son discours “le point d’interrogation sur l’impartialité” de M. Barnier soulevé selon elle par les propos du président de la République, un point d’interrogation “qui ne sera pas facile à dissiper”, selon elle.

“Si quelqu’un, dans le projet européen, s’imagine une minute qu’il est capable de renverser les années d’efforts qu’il a fallu pour faire du Royaume-Uni le centre financier du monde, il se trompe malheureusement”, a-t-elle lancé. “Il y a en jeu ici au moins un demi-million d’emplois et des recettes fiscales qui contribueront plus que tout à reconstituer les finances du pays après cette récession”, a-t-elle ajouté.

“Il faut aussi qu’il soit plus largement admis que la City apporte un bénéfice à toute l’Union européenne, pas seulement au Royaume-Uni. L’Union européenne est au centre de la plupart des échanges mondiaux, et il est important qu’elle le reste”, a-t-elle observé.

M. Sarkozy s’est à plusieurs reprises félicité de la nomination de M. Barnier durant le week-end. Notamment, samedi devant les cadres de l’UMP à Aubervilliers, près de Paris, il avait dit “sa satisfaction et sa joie” à la nomination de M. Barnier.

“On va aller ensemble rassurer la City, mais je préfère que l’inquiétude soit de ce côté de la Manche que chez nous”, avait-il poursuivi, ajoutant que, “franchement, après tout ce qui s’est passé avec la crise financière, c’est quand même très rassurant que ce soient les idées françaises de régulation qui triomphent en Europe”.