BCE : taux inchangés et allègement du dispositif anti-crise au menu

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ésident de la BCE Jean-Claude Trichet le 5 novembre 2009 lors d’une conférence de presse à Francfort. (Photo : Martin Oeser)

[03/12/2009 07:15:41] FRANCFORT (Allemagne) (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) réunit jeudi son dernier conseil de politique monétaire de 2009 avec au programme un maintien des taux directeurs, un probable relèvement des prévisions de croissance et un allègement de son dispositif anti-crise.

Le principal taux directeur, baromètre théorique du crédit dans les seize pays de la zone euro, va rester à 1%, son plus bas niveau historique, estiment marchés et économistes.

Certes la reprise est en marche en zone euro, et la BCE devrait relever ses prévisions pour l’économie cette année et l’an prochain. Il y a trois mois, ses experts misaient encore sur une récession de 4,1% en 2009 suivie d’une modeste croissance de 0,2% en 2010.

L’institution va toutefois continuer à “qualifier d’incertaine les perspectives de la conjoncture”, estime Alexander Krüger de la banque allemande Bankhaus Lampe.

Pour la majorité des analystes, l’économie paraît encore trop fragile pour permettre à la BCE de resserrer ses taux avant le troisième trimestre 2010. Les risques sont nombreux, à commencer par une pénurie généralisée du crédit ou un euro fort, qui désavantage les exportateurs européens.

Les prix à la consommation ont de leur côté recommencé à augmenter en novembre, pour la première fois depuis sept mois, mais aucun danger d’inflation ne plane sur la zone euro. “Il ne sera peut-être pas possible d’éviter un scénario à la japonaise, caractérisé par une décennie de croissance et d’inflation faibles”, prédit Carsten Brzeski de la banque ING.

C’est pourquoi le moment n’est pas venu de remonter les taux directeurs, ni même d’en discuter. Il est en revanche temps de faire les premiers pas vers un “dénouement progressif des mesures exceptionnelles” de soutien au crédit, estime-t-il.

Il y a un mois, le président de la BCE, le Français Jean-Claude Trichet avait promis des révélations dans ce domaine pour la réunion du 3 décembre. Depuis la débâcle de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers en septembre 2008 et la tourmente financière qui a suivi, la BCE a augmenté la maturité et la fréquence de ses opérations de refinancement. Les banques peuvent demander autant de liquidités qu’elles le souhaitent, au taux d’intérêt de 1%.

En les abreuvant d’argent bon marché, elle veut les inciter à accorder suffisamment de crédits et à des conditions raisonnables aux entreprises et particuliers, et par là même à soutenir la conjoncture.

Mais les banques ont profité de la manne pour réinvestir sur les marchés et redresser leurs comptes, au lieu de détendre leurs conditions de prêt, ce qui ne manque pas d’irriter les banquiers centraux.

Dans le détail, Jean-Claude Trichet va probablement annoncer la fin des opérations de refinancement sur un an et peut-être une diminution de la fréquence des appels d’offre sur 3 et 6 mois, déjà de moins en moins utilisés par les banques. Mais la BCE va procéder très prudemment, soulignent les économistes. Les marchés restent vulnérables, comme en témoigne le vent de panique qui a soufflé après la révélation des problèmes de solvabilité de l’Emirat de Dubaï.