Un panneau indique la baisse de la TVA, sur le menu d’un restaurant de Caen, le 22 juillet 2009. (Photo : Mychele Daniau) |
[05/12/2009 11:36:08] PARIS (AFP) La baisse de la TVA à 5,5% dans la restauration n’a pas encore permis de réduire les additions ni d’augmenter les salaires des cuisiniers et des serveurs, mais elle est en passe de provoquer un big bang au sein des syndicats du secteur.
Six mois mois après avoir obtenu ce cadeau fiscal de 3 milliards d’euros, la profession, accusée de traîner les pieds pour baisser les prix et augmenter les salaires conformément à ses engagements, se déchire.
Principal syndicat de la restauration avec 80.000 adhérents, l’Umih s’enlise dans une guerre des chefs.
La justice devrait trancher dans les prochains jours pour savoir qui de Christine Pujol, élue en 2008 mais contestée par des adhérents, et André Daguin, son prédécesseur, qui affirme avoir été désigné président par intérim lors d’une assemblée générale extraordinaire, doit tenir les rênes de l’organisation.
Au centre des reproches faits à Mme Pujol: sa gestion du dossier TVA. Selon M. Daguin, elle “n’a pas expliqué” à l’opinion publique tous les efforts consentis par la profession et elle est tenue pour responsable de la tentative de certains sénateurs de rétablir la TVA à 19,6%.
Le Synhorcat, deuxième syndicat de la profession, est aussi dans la tourmente. Deux importants adhérents ont décidé de le quitter: groupe FLO, leader de la restauration commerciale, et les brasseries du groupe Frères Blanc.
ésidente de l’Umih, Christine Pujol, s’adresse aux journalistes, le 25 novembre 2008, lors du 57e congrès de l’Umih à Nantes. (Photo : Frank Perry) |
“Le syndicalisme à la grand-papa, c’est fini”, a lancé devant la presse Dominique Giraudier, patron de Groupe FLO (près de 300 Hippopotamus, Bistro Romain, Tablapizza, Taverne de Maître Kanter et Brasseries Flo).
“C’est la querelle des anciens et des modernes”, a commenté une source proche du dossier. “La restauration organisée”, celle qui, à l’image des chaînes, a respecté voire dépassé les contreparties demandées en échange de la baisse de la TVA, “ne se sent pas bien représentée et défendue”, a-t-elle ajouté.
Quant au patron du groupe Frères Blanc Jean-Michel Texier, il a expliqué que ses brasseries quittaient le Synhorcat pour rejoindre le syndicat des chaînes (SNRTC), dont il se sent “culturellement plus proche”.
“Toutes les conditions sont réunies pour qu’il y ait recomposition du paysage syndical chez les restaurateurs”, reconnaît Philippe Labbé, président du SNRTC, un syndicat de taille modeste qui cherche à tirer son épingle du jeu.
Pour s’ouvrir à la restauration commerciale qui “partage (sa) vision du contrat d’avenir (l’accord signé avec l’Etat en contrepartie de la baisse de la TVA, NDLR), en matière de baisse de prix, d’augmentation des rémunérations et qui s’impliquent dans la création d’emplois”, le syndicat a d’ores et déjà convoqué une assemblée générale extraordinaire pour revoir ses statuts.
Mais la création d’un nouveau syndicat n’est pas non plus à exclure. Dominique Giraudier ne cache qu’il souhaite réunir “des gens sérieux prêts à repenser le syndicalisme (…) tirer les conséquences des mois écoulés.”
Ce syndicat pourrait s’articuler autour du “club tour Eiffel”, selon une autre source proche du dossier, en référence à un réseau informel de patrons de la restauration qui envisageait jusqu’en 2008 de fédérer sous une seule bannière tous les syndicats de restaurateurs.
Ces tensions affaiblissent au plus mauvais moment une profession qui compte 800.000 emplois: les restaurateurs ont rendez-vous le 15 décembre à Bercy pour un “comité de suivi”, qui devrait faire un bilan définitif de la baisse des prix.