écembre 2009 (Photo : Lionel Bonaventure) |
[06/12/2009 09:07:48] PARIS (AFP) Poussée par la vague écologiste, l’industrie nautique commence à penser plus vert, une tendance qui émerge timidement au salon nautique de Paris.
“C’est la première fois qu’on expose des modèles de série verts, équipés d’éoliennes, d’hydroliennes ou de panneaux solaires, et qui ont vocation à être industrialisés”, se félicite Alain Pichavant, commissaire général du Nautic 2009 qui se tient jusqu’au 13 décembre à Paris.
Du “Wave boat” en résine 100% recyclable du français Sealver aux moteurs hors bord électriques de l’allemand Torqeedo, les constructeurs cherchent de plus en plus à utiliser des matériaux “propres” et réfléchissent à des solutions énergétiques alternatives: moteurs hybrides, à propulsion, panneaux photovoltaïques ou solaires…
“Depuis dix ans, l’ensemble du secteur se penche sur ces problèmes: utilisation de dérivés du pétrole pour construire un bateau, déchets produits…”, explique Alain Pichavant. “Même si elle ne dispose pas des mêmes possibilités en recherche et développement que l’automobile, elle a fait des progrès et les préoccupations environnementales des constructeurs sont une vraie tendance”.
Mais les éco-matériaux qui entreront dans la composition des futurs bateaux plus respectueux de l’environnement, comme la fibre de lin, sont encore “à l’état de recherche”, reconnaît-il.
Si quelques exposants mettent en avant les atouts écologiques de leurs produits, comme Ruban bleu, leader européen de la construction de bateaux électriques, ou Nanni Diesel avec son moteur hybride, l’ancien champion de France de voile Bruno Hervouet, aujourd’hui à la tête de la société Aequus, est dubitatif.
“Je crois sincèrement que les constructeurs sont pragmatiques, qu’ils font ce que les gens leur demandent, et qu’aujourd’hui il n’y a pas de demande pour des bateaux verts”, estime-t-il.
Il présente au salon son “Aequus 7.0”, un bateau électro-solaire de 7 mètres, doté d’une propulsion électrique et de panneaux photovoltaïques. Destiné à un usage familial, il est silencieux, se recharge tout seul à l’énergie solaire et peut être autonome pendant huit heures.
“Je n’ai pas voulu construire un bateau écologique, simplement un bateau idéal pour naviguer avec ma famille, explique M. Hervouet.
“Ma démarche n’était pas écologique mais pratique. J’ai probablement construit le bateau le plus écolo du salon et je ne l’ai pas fait exprès!, s’amuse-t-il.
L?explorateur sud-africain Mike Horn, présent au salon, pense aussi que les constructeurs ne sont “pas vraiment préoccupés” par les questions environnementales.
“Ils répondent à la demande qui n’est pas portée vers l’énergie ou la matière durable”, déplore-t-il.
“Aujourd’hui, si on veut construire des bateaux écologiques, on doit d’abord prévoir comment on amènera l’énergie dans ces bateaux. Or, les constructeurs prennent ce qu’il y a sur le marché – souvent des engins polluants -, ce sont donc les constructeurs de moteurs qui sont d’abord responsables et doivent développer des produits verts”.
A bord du Pangaea, voilier entièrement écologique de 35m sur 10 – recyclage des eaux, panneaux solaires souples intégrés sur les voiles -, Mike Horn a débuté il y a un an une expédition qui le conduira sur les cinq continents jusqu?en 2012.
“C’est au début de la construction du bateau qu’on doit faire attention: le mien a été construit par des charpentiers des favelas de Sao Paolo qui venaient travailler à pied, j’ai utilisé de l’aluminium de Sao Paolo, une matière recyclable, et une fois par semaine, on apportait nos déchets à recycler: ça c’est un projet de bateau vert!”, assure l’aventurier.