Pain
de campagne, pain complet, pain six céréales, tarte au chocolat, etc. :
traditionnels chez ses deux concurrents, Monoprix et Champion, les produits de
la boulangerie et de la pâtisserie n’ont fait leur apparition sur les étalages
de «Magasin Général» que récemment. «Ici, il n’y avait pas de viande, de
poisson, de pain, de produits traiteur, et presque pas de fromage», rappelle
Tahar Bayahi, président-directeur général de cette chaîne de supermarchés.
Depuis, ce vide a été comblé et les nouveaux produits proposés aux clients leur
ont fait prendre conscience que quelque chose était en train de changer au sein
de la plus ancienne chaîne de supermarchés du pays, privatisée et reprise en
2007 par les groupes Bayahi et
Poulina Group Holding.
Bien que le changement commence à peine à se faire sentir de l’extérieur, le
chantier de transformation de la «vieille dame» de la grande distribution a été
enclenché dès l’arrivée aux commandes des nouveaux actionnaires. Car ceux-ci,
surpris de réaliser que «Magasin Général c’était et c’est encore de vieux
magasins, avec des employés fatigués et qui n’ont pas été habitués aux nouvelles
règles de la grande distribution», selon le mot de Tahar Bayahi, en ont tout
suite perçu l’urgence.
Accueilli par une salve de grèves, le junior des frères Bayahi s’est d’abord
employé à déminer le terrain social. «Nous avons bataillé pendant près d’une
année pour obtenir une autorisation des autorités pour négocier le départ
amiable de 1.000 personnes (près de la moitié du personnel, ndlr) et faire
accepter cela aux syndicats», observe le p-dg de Magasin Général. Une opération
chirurgicale qui a coûté à l’entreprise quelques millions de dinars de primes de
départ, mais lui a permis de recruter un nombre équivalent de jeunes.
En même temps, la direction s’est employée à gagner l’adhésion des anciens qui
ont accepté de rester pour en faire des alliés. «Nous avons eu la chance de
trouver des gens extraordinaires au sein de l’entreprise qui nous ont aidé à y
instaurer un climat de confiance», se félicité le p-dg.
Une fois le personnel ainsi recomposé, la direction a pu lancer le chantier de
la transformation et de remise en état «qui va s’étendre sur plusieurs années».
Car tout est à changer : du système d’information à la logistique, en passant
par la chaîne de froid, etc.
Et il fallait faire tout cela sans perdre de vue la concurrence. «Nous étions
dans l’obligation de mener en même temps le projet de renouvellement et de
remise en état de nos magasins, et, malgré nos difficultés, être présents dans
la course à l’expansion menée tambour battant par la concurrence».
Ainsi tout en testant –début 2009- le nouveau concept de Magasin Général –à
Tunis (Cité Mahrajane) et Béja- qui a fait ses preuves, la plus ancienne chaîne
de supermarchés continue à étendre son réseau. Fin octobre, elle a ouvert, en
plein centre de la capitale, à la rue du Ghana –dans l’espace qu’occupait jadis
le supermarché «Le Passage»- un nouveau type de point de vente dont la réussite
immédiate a comblé la direction d’aise et l’a confortée dans son choix.