Mondialisation : le rêve de faire “fleurir” le désert du Néguev s’est envolé

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éserteés dans le désert du Néguev le 25 novembre 2009. (Photo : David Buimovitch)

[07/12/2009 11:38:12] OFAKIM (Israël) (AFP) Usines délocalisées, zones industrielles en friche, chômage endémique, paupérisation: la mondialisation a eu raison du rêve des pionniers sionistes qui voulaient faire “fleurir” le désert du Néguev.

Après avoir fondé l’Etat d’Israël en 1948, David Ben Gourion avait envoyé des dizaines de milliers d’immigrants dans cette région désertique qui couvre la moitié sud du pays pour y créer de nouvelles agglomérations.

Mais, crise économique aidant, la dernière entreprise textile du Néguev, “Century Miracle”, a licencié ses 40 employés et fermé ses portes en octobre dernier afin de se délocaliser en Chine.

“Les entreprises de ce type étaient une des principales sources de revenus dans la région, mais les bas salaires versés en Chine, en Extrême-Orient et chez nos voisins arabes nous mettent hors jeu”, déplore Méir Babayouf, président de la fédération des syndicats du Néguev.

“C’est le tribut que nous payons à l’économie mondialisée”, estime-t-il.

Ben Gourion espérait peupler le désert et désengorger ainsi l’étroite plaine côtière où se trouvent la plupart des métropoles israéliennes.

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éliens dans un kibboutz dans le désert du Néguev le 14 décembre 1955. (Photo : null)

Le père de l’indépendance israélienne avait voulu montrer l’exemple en s’installant au kibboutz Sdé Boker, aux confins méridionaux du Néguev.

Mais il n’a pas été suivi, si ce n’est par des nouveaux immigrants pauvres et peu éduqués installés par les autorités dans des petites villes “en voie de développement”.

Située à une vingtaine de km à l’ouest de Beersheva, la capitale du Néguev, Ofakim est l’une de ces localités. Ses 25.000 habitants accrochaient leurs rêves à une zone industrielle dont “Century Miracle” était le dernier vestige.

Aujourd’hui, les rangées d’usines vides, en ruines, sont battues par le vent d’hiver et envahies par les herbes folles. Pour les habitants, l’avenir est bouché.

“Nous sommes pris au piège”, confie avec amertume Avi Aboutboul, 56 ans, au chômage depuis la fermeture il y a plus d’un an de la manufacture de vêtements où il avait travaillé pendant deux décennies.

A la fin des années 1990, le textile fournissait près de 20% des emplois industriels dans la région, selon une étude de l’Université Ben Gourion de Beersheva. “Les salaires étaient bas, mais quand ce secteur a disparu rien n’est venu le remplacer, et à présent les gens sont sur le carreau”, souligne le professeur Yéhouda Grados, auteur de cette étude.

Le taux de chômage est de près de 15%, soit deux fois plus que la moyenne nationale, selon les statistiques officielles.

Le ministère pour le Développement du Néguev et de la Galilée affirme cependant avoir débloqué 5,5 millions d’euros pour réhabiliter les zones industrielles et y implanter des firmes “high tech”. Un budget de deux millions d’euros a en outre été dégagé pour la réinsertion des employés.

“La crise ne doit pas nous décourager. Il faut considérer le Néguev comme un moteur de croissance”, a déclaré à l’AFP Sylvan Shalom, qui dirige ce ministère.

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ées dans le désert du Néguev, le 25 novembre 2009. (Photo : David Buimovitch)

Il espère créer des milliers d’emplois et encourager ses compatriotes à s’installer dans le Néguev, dans le sillage des industries de pointe, véritable locomotive économique qui a permis à Israël d’atténuer l’impact de la crise internationale.

Sceptique, M. Grados souligne que ces efforts n’ont jusqu’à présent pas été couronnés de succès. “Ici, nous sommes loin de tout et il n’y a pas de restaurants de sushis”, ironise-t-il à propos des us alimentaires des technophiles branchés.

“C’est de la poudre aux yeux. Le Néguev doit être une priorité nationale. Ils se préoccupent uniquement de construire ces stupides colonies” en Cisjordanie, renchérit L. Babayouf, en regrettant que les gouvernements successifs aient investi des milliards de dollars pour la colonisation.