[07/12/2009 20:05:10] PARIS (AFP)
à Saint-Denis d’une déclaration de surendettemen (Photo : Fred Dufour) |
Le nombre de ménages surendettés continue d’augmenter en France, un engrenage dans lequel le crédit renouvelable joue un rôle croissant, alors que le projet de loi réformant le crédit à la consommation attend encore d’être examiné par l’Assemblée.
A fin septembre, le surendettement concernait 744.189 ménages, un chiffre en augmentation de près de 6% en un an, selon les chiffres de la Banque de France.
En 1989, 250.000 familles avaient été identifiées à l’occasion de la préparation de la loi Neiertz, la première sur le surendettement.
“On pensait qu’en sortant ces familles du surendettement, on règlerait la question”, se souvient Nicole Perez, administratrice nationale de l’assocation de consommateurs UFC-Que Choisir.
Vingt ans plus tard, la population concernée a triplé et ses caractéristiques ont radicalement évolué.
“Avant, on avait des gens qui avaient le syndrome +écran plat+”, résume un banquier, “et au fur et à mesure, on s’est retrouvé face à des ménages qui cherchaient à boucler leurs fins de mois”.
Les cas de surconsommation, de frénésie d’achats financée par cartes et réserves d’argent, “cela existe toujours, mais c’est rarissime”, assure Reine-Claude Mader, présidente de l’association CLCV.
La dernière enquête typologique de la Banque de France sur le surendettement, publiée fin 2008, soulignait ce changement, avec une nette augmentation des revenus inférieurs au Smic (plus de 55% contre 42% en 2001) et des personnes seules (près des deux tiers).
Des populations fragilisées par les fameux accidents de la vie, divorce, perte d’emploi, perte de revenu ou problème de santé.
La crise économique et la hausse du chômage n’ont fait qu’aggraver le problème depuis un an.
“Il y a un accident de vie et pour essayer de s’en sortir, on se tourne vers le crédit à la consommation, vers le crédit renouvelable en particulier, en pensant que ça va être une solution”, explique Mme Perez.
à Saint-Denis, le 12 octobre 2009 (Photo : Fred Dufour) |
Près de 90% des dossiers déposés sur les mois de juillet, août et septembre comprenaient au moins un crédit renouvelable, cette réserve d’argent permanente qui se renouvelle au fil des échéances et qui est systématiquement assortie d’un taux d’intérêt très élevé, souvent supérieur à 20%.
“Certains dossiers de surendettement comprennent des crédits renouvelables qui traînent depuis la fin des années 80”, souligne Mme Perez.
“Les gens ne sont souvent pas équipés du crédit qui va avec le bien qu’ils achètent”, regrette Emmanuel Bouriez, directeur général adjoint de CMP Banque, filiale du Crédit municipal de Paris.
“Le crédit, c’est une des composantes du surendettement, mais pas la seule et de loin”, tempère Pascal Roussarie, responsable de l’observatoire Cetelem, qui rappelle que la production de crédit à la consommation a baissé de 15% depuis le début de l’année alors que les dossiers de surendettement affichent pourtant une forte hausse.
Le projet de loi réformant le crédit à la consommation doit néanmoins contribuer à encadrer davantage les pratiques, notamment la publicité et l’information.
Déjà voté par le Sénat, le texte doit être examiné par l’Assemblée nationale début janvier.
Mme Perez “compte sur les parlementaires pour améliorer le texte”, qu’elle juge insuffisant en l’état.
Parmi les points qui n’ont pas été retenus jusqu’à présent, celui de la séparation entre carte de fidélité et réserve d’argent, deux fonctionnalités différentes qui sont souvent liées.