Tunisie – Spécial Salon Banque 2009 : Brahim Saada, PDG de la STUSID

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: Comment êtes vous passé d’une banque de développement à une banque commerciale
?

Ibrahim Saada : Il a fallu tout d’abord que la réglementation le permette. La STUSID, dès sa création, s’est beaucoup investie dans le financement de
l’économie, que ce soit par l’octroi de crédits d’investissement ou de prêts de
participation à différents projets. Elle était active dans l’identification et
la création de projets touristiques et agricoles.

Depuis les années 2000, on a réalisé que les banques de développement étaient
concurrencées dans leur domaine par les banques commerciales. Elles ont commencé
à perdre des parts de marché. Par souci d’équité, l’Etat a décidé d’élargir le
champ de leurs activités en leur autorisant le statut de banques commerciales.

Décision donc fut prise en avril 2005, depuis, notre banque a ouvert son champ
d’activité à celui des banques conventionnelles. Cette nouvelle orientation
implique, bien entendu, des structures dédiées. L’implantation d’un réseau, la
mise en place de nouveaux produits en direction des particuliers et même une
restructuration au niveau du siège pour qu’il soit adapté aux besoins d’une
banque commerciale.

Qu’est-ce qui différencie une banque d’investissement d’une banque commerciale ?
Une banque d’investissement est axée sur les études des projets et les
expertises. Une banque conventionnelle aussi, mais c’est d’une expertise
commerciale, qu’elle a besoin. Il en résulte du travail sur le comportement des
cadres, le développement d’une nouvelle culture impliquant une réorientation
vers l’esprit d’une banque commerciale.

Nous avons donc entamé une stratégie comprenant quatre axes : le premier était
l’assainissement de notre portefeuille, ce que n’avons même pas eu à faire, le
nôtre étant sain. Il fallait donc préserver cet acquis et œuvrer à l’améliorer.

Deuxièmement, il fallait développer l’activité commerciale, en se rapprochant de
plus en plus de la clientèle, et surtout de celle qui a des capacités
d’investissement. Car il fallait répondre à ses sollicitations en matière de
crédits à l’exploitation. Les entreprises ont besoin de facilités de caisse, de
financement de stocks, de prêts de financement à l’export, d’avals, de cautions
pour les opérations courantes, en fait, d’une panoplie de formes de crédit. Nous
devions également nous ouvrir sur une autre frange de clientèle qui n’existait
pas avant, celle des particuliers, en leur offrant des produits qui s’adaptent à
leurs besoins, l’épargne logement, le crédit auto, le crédit études, le crédit «Ariyahia».
Tout a été mis en place pour conquérir une part du marché particulier et être
ouvert à toutes les catégories socioprofessionnelles.

Le troisième axe concerne la modernisation de la banque, c’est-à-dire la mise en
place d’un système d’information, ce que nous sommes en train de faire.

Nous avons aussi travaillé sur la qualité des services, en développant des
produits monétiques et en installant des GAP et émettant des cartes. Nous avons
émis des cartes de retrait paiement et puis nous sommes allés vers la Master
Card, qui permet au titulaire d’être à découvert jusqu’à un certain montant,
nous avons créé la carte salaire. Nous avons installé des GAP dans les grandes
entreprises, pour permettre au détenteur de la carte de faire le retrait de son
salaire dans le siège de son entreprise sans avoir à se déplacer.

Nous avons créé la carte de paiement cadeaux, pour les jeunes, afin de les
initier à la banque.

Nous avons lancé à l’occasion du Salon de la Monétique et des Services
financiers
la carte Platinium, une première en Tunisie ; par cette carte, nous
visions le haut de gamme, une clientèle top. La carte Platinium donne du
prestige à son détenteur, elle fait partie d’un éventail de cartes aussi
prestigieuses les unes que les autres et qui sont les cartes Titanium, Ivoire,
Gold…

Nous sommes une banque émergeante et nous voulons nous positionner dans le haut
de gamme. Les banques commerciales nous ont précédées sur le marché des
particuliers, elles ont une clientèle en termes d’effectifs importante. En ce
qui nous concerne, plus que le marché classique des particuliers, nous avons des
clients importants qui ont besoin de produits qui les distinguent du reste de la
clientèle. La carte Platinium les distingue, elle leur offre des services
inédits.

Qu’en est-il du développement du réseau STUSID et de la formation au sein de la
banque ?

Notre réseau compte 12 agences, réparties sur le littoral, c’est-à-dire Tunis,
Nabeul, Bizerte, Sousse, Sfax, Kairouan, Gabès et Djerba. Ce choix a été dicté
par la nécessité du rapprochement de nos clients, et celui de drainer d’autres
clientèles.

La formation est notre quatrième grande orientation. C’est notre cheval de
bataille, et nous n’avons pas arrêté depuis deux ans les actions de formation.
Tout les samedis nous formons en interne, les chefs d’agence d’abord, les
chargés de clientèle à l’intérieur de l’agence, et également les cadres et
employés sur les opérations commerciales. Dès qu’une action de formation en
interne s’achève, on en refait une autre. Il y a des formateurs qui sont des
commerciaux à l’intérieur de la banque, mais nous recourons souvent à des
expertises externes, des enseignants ou bien des cadres supérieurs d’autres
banques. Lorsqu’il y a des séminaires à l’extérieur de la banque, nous envoyons
nos cadres, et nous inscrivons un maximum de nos employés dans les cours
bancaires.

A combien s’élève le nombre d’employés STUSID ?

Actuellement nous sommes à 190. A chaque fois que le réseau s’agrandit, nous
recrutons plus d’effectifs, le recrutement va de pair avec la création
d’agences. Nous avons mis en place un organigramme qui s’adapte à une banque
commerciale dans lequel il a été créé des structures de production, des
structures d’appui, des structures de contrôle et des comités.

Quelle est votre stratégie quinquennale pour le développement de la banque ?

Notre stratégie quinquennale a débuté depuis deux ans, donc il reste 3 ans. Nos
ambitions par rapport à ce qui existe dans le secteur sont relativement modestes
mais par rapport à ce dont disposait la banque, elles représentent beaucoup.
Nous avons essayé de tabler sur une part du marché 2012 de l’ordre de 2%. Nous
prévoyons chaque année de doubler nos dépôts.

A ce jour, nos objectifs sont atteints et même légèrement dépassés au niveau de
nos différentes activité, et j’espère que d’ici l’an 2012 nous réussirons à les
réaliser tous. Nous espérons maintenir la qualité de notre portefeuille et
œuvrer à l’améliorer parce que notre situation est saine. Nous avons un taux de
créances accrochées de l’ordre de 9,6%, nous avons un ratio de solvabilité qui
est de 54% alors que celui exigé par la Banque centrale est de 8%, notre taux de
couverture des créances accrochées par des provisions est à 96% alors que ce qui
est demandé pour la fin 2009 est de 70%. Donc nous avons une situation
financière solide et saine.

Quelle a été la réaction de vos clients classiques lorsque vous vous êtes
convertis en banque universelle ?

Pour la plupart, cela a été une grande satisfaction, car ils reconnaissent le
soutien de la banque qui les a accompagnés dans leurs investissements, ils sont
aujourd’hui satisfaits car nous sommes également présents au niveau des crédits
d’exploitation.

Le système d’information que vous êtes en train de développer est-il adapté à
des produits monétiques évolués ?

Je crois que vous avez touché la partie où la STUSID est performante,
c’est-à-dire tout ce qui se rapporte à la monétique. Peut-être est-ce parce que
nous avons adopté la Visa Master Card internationale ? Je puis vous assurer que
le système est performant. Ce que nous devons faire en Tunisie en tant que
banquiers, c’est de veiller à ce que les GAP ne tombent pas en panne et ne
subissent pas de pénuries d’argent. Pour le reste, c’est des applicatifs liés
aux GAP qu’il s’agit, ces applicatifs sont performants et reconnus
internationalement. Nous sommes tous conscients de l’importance de
l’amélioration des systèmes d’information pour développer les produits et les
activités bancaires, et nous nous y investissons tous.

Pensez-vous que, pour accompagner les groupes tunisiens dans la conquête des
marchés internationaux, il faille les précéder en tant que banques ?

Le fait de s’implanter ailleurs est important, je pense qu’il est grand temps de
le faire. Nous avons des hommes d’affaires qui doivent aller vers des marchés
extérieurs et pouvoir exporter, et qui doivent être accompagnés par leurs
banques. La Banque centrale a un rôle à jouer à ce niveau pour encourager et
inciter les banques à s’internationaliser. Il faut qu’il y ait création de pôles
de banques publiques, de pôles de banque privées, pour se permettre et se donner
la capacité de s’implanter ailleurs.

Que représente pour vous le Salon de la Monétique ?

Le salon est un stimulant pour lancer les nouveaux produits parce qu’il booste
la compétition entre les différentes banques. Lorsqu’il y a un salon, un effort
supplémentaire est fourni. C’est comme un examen, le rythme d’activités est
normal jusqu’à l’avènement de l’examen, là, nous passons à une vitesse
supérieure.