Nucléaire : EDF-GDF serre les rangs pour décrocher un méga-contrat à à Abou Dhabi

[09/12/2009 17:46:16] PARIS (AFP)

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EPR: les chantiers et projets

Partis en ordre dispersés, les groupes français font désormais front commun, avec EDF et GDF Suez en tête, pour remporter un méga-contrat de plus de 40 milliards de dollars portant sur la construction de plusieurs réacteurs nucléaires à Abou Dhabi.

En lice depuis près de deux ans, le consortium français s’apprête à déposer une nouvelle offre dès jeudi, selon une source proche du dossier.

L’appel d’offres, d’un montant de plus de 40 milliards de dollars, porte sur la construction de 2 à 4 réacteurs nucléaires de troisième génération à Abou Dhabi, aux Emirats Arabes Unis.

Initialement, l’équipe tricolore était composée de GDF Suez, du groupe nucléaire Areva et du pétrolier Total.

Mais face à la forte concurrence du coréen Kepco (associé à son compatriote Hyundai), les groupes français ont dû revoir leur copie et appeler Electricité de France (EDF) à la rescousse en mai dernier.

Dans un premier temps, il s’agissait pour EDF d’apporter une simple assistance technique. Mais l’électricien hexagonal devrait finalement prendre la tête du consortium français, aux côtés de GDF Suez.

“Ce qui est envisagé aujourd’hui, mais rien n’est figé pour l’instant, c’est une structure de pilotage du projet dans lequel EDF jouerait le rôle de pilote en association avec GDF Suez”, a déclaré mercredi le nouveau PDG d’EDF Henri Proglio.

EDF n’y est pas allé de gaîté de coeur car Abou Dhabi n’a jamais fait partie de ses “pays cibles”. C’est sur ordre de l’Elysée que l’électricien est venu en aide d’un de ses principaux rivaux dans le domaine de l’énergie, GDF Suez.

“C’est le patron de la filière nucléaire française, Nicolas Sarkozy, qui a demandé à EDF d’y aller”, explique une source proche du dossier.

M. Proglio, qui plaide pour qu’EDF prenne la tête de la filière nucléaire française, ne semble pas y avoir trouvé à redire.

Dans le nouveau schéma retenu, EDF et GDF Suez détiendront chacun 45% du consortium et Total 10%, a indiqué une source proche du dossier, confirmant une information des Echos.

Le consortium serait chargé de la maîtrise d’ouvrage des réacteurs, initialement confiée à Areva.

Le groupe nucléaire, qui rencontre d’importants retards sur son chantier d’Olkiluoto en Finlande, serait finalement en charge du seul “Îlot nucléaire” (coeur du réacteur).

Le groupe industriel Alstom fournira lui l’îlot conventionnel (turbine, salle des machines, alternateur). Enfin, le groupe de BTP Vinci pourrait remplacer l’américain Bechtel comme responsable du génie civil, selon une source proche du dossier.

Reste la question du prix. “Depuis le départ, c’est le problème principal. Les coréens ont fait une offre très agressive. Si Abou Dhabi se décide uniquement sur le prix, on a perdu”, remarque un membre du consortium.

Le réacteur de type EPR, proposé par les français, coûte entre 5 et 6 milliards d’euros pour une puissance de 1.600 mégawatts (MW).

Kepco propose lui un réacteur de troisième génération dénommé APR-1400, d’une puissance de 1.450 mégawatts, et dont le coût serait presque deux fois moindre. Enfin, le japonais Hitachi (allié à General Electric), qui fait figure d’outsider, propose un réacteur à eau bouillante ABWR d’une puissance de 1.350 mégawatts.

Les groupes français auraient proposé une réduction de prix de près de 10% pour compenser la baisse du dollar qui pénalise leur offre, selon La Tribune.

D’abord prévu pour la mi-septembre, le résultat de l’appel d’offres ne devrait pas être connu avant mars 2010, avance le Middle East Business Intelligence.