Grèce : Papandréou veut l’union nationale face à la crise, l’Europe des mesures

[10/12/2009 16:26:36] ATHENES (AFP)

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à Bruxelles, le 19 novembre 2009 (Photo : Georges Gobet)

Le Premier ministre grec Georges Papandréou, dont le pays croule sous une énorme dette qui inquiète toute l’Europe, a convoqué jeudi une réunion de tous les partis pour démontrer que la Grèce est déterminée à “nettoyer” son économie.

Cette réunion des chefs des partis de droite, communiste, de la gauche radicale et de l’extrême droite se tiendra la semaine prochaine sous l’égide du chef de l’Etat, Carolos Papoulias, a précisé M. Papandréou.

La dette grecque atteint “300 milliards d’euros, la plus importante de l’histoire de la Grèce moderne”, a annoncé jeudi le vice-ministre des Finances Philippos Sahinidis.

“Il s’agit de se rassembler dans le combat contre la corruption et en faveur de la transparence, du juste fonctionnement de l’Etat, doté d’un système fiscal juste, que chaque citoyen grec respectera et qui frappera l’évasion et la fraude fiscales”, a déclaré M. Papandréou.

Cette réunion est destinée à “donner un puissant message à l’étranger, montrant que nous sommes déterminés à aller de l’avant, à +nettoyer+ notre économie et à donner des perspectives pour un développement différent qui apportera de l’espoir à chaque citoyen grec”, a-t-il ajouté.

Au pouvoir depuis deux mois, M. Papandréou a affirmé mercredi que la crise menaçait “la souveraineté nationale”, faisant tous les gros titres de la presse nationale.

La Grèce a été sanctionnée cette semaine pour l’ampleur de son déficit budgétaire par les agences de notation.

Face à cette crise qui affole les places financières et la zone euro, le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a une nouvelle fois exclu jeudi l’hypothèse d’une “banqueroute” de la Grèce. Mais la présidence de l’UE a jugé “très grave” la situation.

Tous les analystes relevaient jeudi l’urgence de mesures supplémentaires pour réduire davantage le déficit et la dette publique qui ont explosé en 2009.

Le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet a appelé le gouvernement grec à prendre des mesures “courageuses” pour réduire son déficit budgétaire et sa dette.

Le ministre grec des Finances Georges Papaconstantinou a déjà promis de nouvelles mesures l’an prochain, laissant ouvert l’éventualité d’une réduction plus rapide du déficit par rapport à l’objectif de 9,1% du PIB prévu dans le budget 2010 — bien au-dessus de la limite européenne fixée à 3%.

Selon M. Papanconstantinou, les mesures fiscales prévues en 2010 seront “radicales” et comprendraient un élargissement de la base fiscale, des peines plus lourdes pour les fraudeurs, le changement de l’imposition des entreprises, avec l’inclusion des dividendes, ainsi que le retour de l’impôt sur les grandes fortunes.

Il a rappelé les objectifs du budget 2010: baisse de 10% des dépenses publiques de fonctionnement, gel des embauches sauf dans les secteurs sensibles. Il a aussi annoncé la baisse des commandes d’armement pour les trois prochaines années.

“Il est indispensable que la Grèce réduise avant tout fortement ses dépenses, en réduisant en premier lieu le coût des effectifs dans la fonction publique. Il faut aussi augmenter les impôts”, a indiqué à l’AFP le directeur d’une banque française en Grèce, Arnaud Tellier.

M. Tellier s’attend à ce que ces mesures entraînent “une agitation sociale dans les mois qui viennent, mais il n’y a pas d’autre solution. Les revenus et la consommation vont baisser et la croissance risque de stagner. Mais (…) c’est aujourd’hui qu’il faut prendre des décisions courageuses”.

“Il n’est pas question que les travailleurs fassent les frais de la crise”, a prévenu de son côté Stélios Anestis, un dirigeant de la puissante Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE, 600.000 adhérents).