Russie : décès d’Egor Gaïdar, père de la “thérapie de choc” post-soviétique

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ïdar, lors d’un congrès à Moscou (Photo : Denis Sinyakov)

[16/12/2009 13:53:09] MOSCOU (AFP) L’ex-Premier ministre russe libéral Egor Gaïdar, père de la “thérapie de choc” qui a converti la Russie post-soviétique à l’économie de marché dans la douleur, le rendant très impopulaire, est décédé dans la nuit de mardi à mercredi à l’âge de 53 ans.

Il est mort de complications liées à la formation d’un caillot de sang, “alors qu’il travaillait à l’écriture d’un livre” dans sa résidence d’Odintsovo dans la banlieue ouest de Moscou, a déclaré son porte-parole Valeri Natarov à l’AFP. Il est décédé.

Jeune et brillant économiste, Egor Gaïdar, qui était également le petit-fils du célèbre écrivain soviétique pour enfants Arkadi Gaïdar, fut propulsé sur le devant de la scène par la chute de l’Union soviétique en 1991.

Il initia alors, sous la présidence de Boris Eltsine, une série de réformes destinées à moderniser en accéléré l’économie russe, après 70 années de dirigisme étatique, libéralisant le commerce et privatisant nombre d’entreprises dans des conditions controversées.

Les prix, jusqu’alors contrôlés par l’Etat, s’envolèrent, alimentant une inflation galopante et une paupérisation qui traumatisa une bonne partie de la population.

Sa mort prématurée a ranimé le débat sur son rôle, “sauveur” du pays pour les uns, trop pressé de réformer pour les autres, dans l’histoire de la Russie post-soviétique.

Le président Dmitri Medvedev a salué un homme “courageux, honnête et décidé”, auteur de réformes impopulaires mais “nécessaires” qui ont “mené à la formation d’un marché libre et à la transition de notre pays vers une nouvelle voie de développement”.

Pour le Premier ministre Vladimir Poutine également, Egor Gaïdar a “servi sa patrie à une étape clé de son histoire, déterminante pour l’avenir du pays”.

“Il a sauvé le pays de la famine, de la guerre civile et de l’éclatement”, estime Anatoli Tchoubaïs, artisan des privatisations et ex-patron du monopole de l’électricité, qui a travaillé au côté d’Egor Gaïdar.

Pour l’économiste réformateur Grigori Iavlinski, il a “assumé la responsabilité pour l’avenir du pays, à un moment où presque personne ne savait que faire et comment”.

Mais pour le dernier dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev, les idées de son ex-conseiller économique, fondateur d'”une nouvelle école économique” à la fin des années 80, pendant la perestroïka, ont préparé la chute de l’URSS.

“Gaïdar est entré dans la politique avec des espoirs, mais il voulait faire tout d’un seul coup”, a-t-il dit, cité par l’agence Itar-Tass.

Entouré d’une équipe de jeunes loups – le gouvernement “en culottes courtes” comme on les surnommait alors – Egor Gaïdar exerca les fonctions de Premier ministre de juin à décembre 1992, sans l’aval du Parlement, dominé par les conservateurs, qui refusèrent d’entériner sa nomination.

Il resta ensuite au gouvernement encore un an, comme premier vice-Premier ministre et ministre de l’Economie, avant d’en démissionner en janvier 1994 pour se lancer dans une carrière politique à la tête du parti ultra-libéral Choix démocratique de Russie.

En 1994, il condamna l’intervention militaire russe en Tchétchénie, décidée par Boris Eltsine.

Poursuivi par sa réputation de réformateur de choc, il ne réussit pas à s’imposer et disparut de la scène politique avec l’arrivée de Vladimir Poutine au Kremlin en 2000.

Il se consacrait depuis à son institut sur les réformes économiques et donnait des conférences à travers le monde.

En décembre 2006, victime d’un mal mystérieux lors d’un voyage en Irlande, au lendemain du décès à Londres de l’ex-agent russe Alexandre Litvinenko, assassiné à l’aide d’une substance radioactive, il affirma avoir été lui aussi empoisonné mais exclut toute “complicité de la direction russe”.